On peut en détailler l’état d’avancement :
Astrazeneca
L’université d’Oxford et la société AstraZeneca ont mis en place un vaccin utilisant un adénovirus qui contient la portion du code génétique du SARS-CoV-2 codant pour la protéine de surface Spike. Le vaccin a montré un effet protecteur chez plusieurs primates non-humains et une production d’anticorps contre la protéine Spike chez les patients testés en phase I et II d’essai clinique. La phase III a commencé en août 2020 avec plus de 30 000 participants, mais elle a été interrompue suite à la maladie d’un des participants (maladie immunitaire inflammatoire).
Moderna
La société Moderna a mis en place un vaccin utilisant directement l’ARN du virus qui code pour la protéine Spike. Chez ces patients en phase I et II, il a été possible d’observer une augmentation d’anticorps neutralisants, après l’injection de 2 doses, similaire à la réponse observée chez des patients convalescents. De la même manière, il a aussi été possible d’observer l’apparition d’une réponse immunitaire cellulaire (induction de cellules Th1). La phase III a commencé en août 2020, avec plus de 30 000 participants. Bien qu’encore en cours d’étude, ce vaccin prometteur serait, pour le moment, efficace à plus de 92%.
Pfizer et BioNtech
Ces deux sociétés ont beaucoup fait parler d’elles ces dernières semaines[1]. Développant aussi deux vaccins utilisant l’ARN du virus, on a constaté en phases I et II une augmentation de la production d’IgG spécifique du RBD, niveau similaire à celui trouvé chez des patients convalescents. Les deux vaccins ont présenté les mêmes niveaux d’augmentation d’anticorps neutralisants. Cependant, comme l’un d’eux semblait conduire à des réponses T plus larges, celui-ci a été choisi pour être testé en phase III.
Johnson&Johnson
La société Johnson&Johnson utilise quant à elle un virus vivant dont la réplication a été rendue inapte. Ce vaccin, chez le macaque, a conduit à une forte production d’anticorps neutralisants et a conféré une protection contre le SARS-CoV-2. En essai phase III depuis septembre 2020, les détails de l’étude n’ont pas encore été rendus publics.
Gamaleya
Le centre de recherche Gamaleya, basé en Russie, a publié des résultats pour les phases I et II de son essai clinique sur un vaccin utilisant deux types d’adénovirus appelé Sputnik V[2]. Chez les patients, il a été possible d’observer une augmentation d’anticorps neutralisants spécifiques du RBD du SARS-CoV-2, et ceci jusqu’à 2 fois plus par comparaison avec des patients convalescents. Une réponse cellulaire a aussi pu être mis en évidence, avec un pic 28 jours après vaccination. La phase III de cet essai devrait concerner plus de 40 000 participants.
CanSino Biologics
La société chinoise CanSino Biologics utilise aussi un vaccin fondé sur un adénovirus. En phase I et ll, une augmentation (x4) d’anticorps neutralisants a pu être mise en évidence. On l’observe chez 75% des patients ayant reçu la plus forte dose 14 jours après vaccination contre 31% chez ceux ayant reçu une dose intermédiaire. La phase III inclut plus de 40 000 personnes mais les résultats de cette étude n’ont pas encore été publiés.
Sinovac Biotech
Ce vaccin, appelé CoronaVac, utilise un virus inactivé chimiquement. En phase I et II, on a observé chez eux une augmentation d’anticorps neutralisants. Aucune information n’a été publiée concernant la réponse cellulaire que ce vaccin pourrait impliquer. Il a été autorisé en Chine, en juillet 2020, bien avant le début de la phase III de l’essai clinique. Cette autorisation a permis à plus de 90% des employés de la société de recevoir le vaccin. La phase III a été lancée au Brésil et en Indonésie, avec l’intention d’inclure au Brésil plus de 9000 personnels hospitaliers.
Sinopharm
La société Sinopharm a développé deux vaccins qui utilisent aussi le virus inactivé. Pour le premier vaccin, en phases I et II, il a été possible de mettre en évidence les mêmes concentrations d’anticorps neutralisants chez les patients vaccinés que chez les convalescents, bien qu’aucun comparateur n’ait été inclus dans l’étude. Aucune réponse cellulaire ne semble avoir été provoquée par ce vaccin. En juillet 2020, la phase III a commencé avec plus de 20 000 participants. En août 2020, la société a révélé avoir déjà administré le vaccin au personnel hospitalier et aux personnes à risques. Concernant le second vaccin, la phase III comprend seulement 9 000 participants et a reçu une autorisation de la part des Emirats Arabes pour vacciner le personnel hospitalier.
Il reste encore beaucoup à apprendre sur l’immunité induite par les coronavirus, de manière générale, et tout particulièrement dans les cas d’infection par le SARS-CoV- 2. Cependant, les avancées réalisées cette année sur le COVID-19 prouve l’efficacité du monde de la recherche. L’élaboration de différents vaccins n’est pas faite en vain : ils pourront avoir des effets disparates selon les populations (enfants, femmes enceintes, nourrissons, personnes immunodéficientes, séniors) et conduire à une immunité plus efficace.
[1]Lettre hebdomadaire News-COVID-19.info 16-22 novembre 2020
[2] Lettre hebdomadaire News-COVID-19.info 23-29 novembre