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Moins d’anticorps, mais plus de décès ?

La majorité des personnes infectées par le SARS-CoV-2 présentent des symptômes modérés. Cependant, une petite fraction de la population développe aussi des formes sévères qui conduisent à la mort dans certains cas. La contagion très rapide de la COVID-19 et l’impossibilité de prédire l’évolution de la maladie sont les principales causes de la surcharge des services hospitaliers.

La compréhension de l’évolution de la réponse humorale durant l’infection et de son implication dans le rétablissement des patients est capitale pour le développement d’un vaccin ou d’un traitement. Par conséquent, l’étude du catalogue d’anticorps produits dans le cas d’une réponse humorale aiguë à la suite d’une infection SARS-CoV-2 pourrait apporter des réponses sur la diversité des symptômes observés. Les principaux anticorps produits à la suite d’une infection sont les IgM, IgA et IgG. Les IgG se fixent aux récepteurs Fc des Cellules Présentant l’Antigène (CPA) et contribuent à la destruction des cellules infectées.

C’est ce qu’on peut représenter schématiquement ainsi :

Dans une nouvelle étude, 193 patients ont été séparés en différents groupes et leur réponse humorale a été tracée pendant 3 semaines après l’apparition des symptômes :

  • 82 patients avec des infections modérées qui se sont rétablis
  • 72 patients avec des infections sévères qui se sont rétablis
  • 35 patients décédés des suites de la COVID-19

Contrairement à des infections par d’autres virus, une infection par le SARS-CoV-2 conduit automatiquement à une production d’IgA et IgM très peu de temps après l’apparition des symptômes. Les patients infectés de manière modérée présentent, quant à eux, des niveaux plus bas pour ces deux types d’anticorps. Le même niveau de production a pu être mis en évidence entre les cas sévères et ceux qui n’ont pas survécu à la COVID-19.

Il a aussi été possible d’observer une différence dans la production d’IgG, qui sont les anticorps majoritaires de notre corps. Ainsi, bien que les réponses de type d’IgA et IgM ne fussent pas modifiées, la production d’IgG a augmenté chez les groupes en convalescence (modérée ou sévère), tandis que chez les patients décédés des suites de la COVID19, la production de cet anticorps s’est vue compromise ou ralentie. Cela pourrait s’expliquer par la formation de peu de centres germinaux[1], nécessaires à la maturation des lymphocytes B et par conséquent, à la production d’anticorps. La production d’IgG anti-SARS-CoV-2, capables de se fixer efficacement aux CPA, a donc sûrement participé au rétablissement des autres patients. Au vu de ces résultats, on a évalué les propriétés des anticorps entre individus.

Seulement une semaine après l’apparition des symptômes, on a observé une meilleure réponse humorale chez les patients ayant présenté une forme sévère de la COVID-19. Bien que la réponse ait augmenté chez les deux groupes ayant survécu, la réponse du groupe sévère a été plus uniforme dans la production d’anticorps et plus robuste dans le temps par comparaison avec la réponse des patients décédés. Ainsi, les IgG des individus présentant une infection sévère étaient capables de mieux se lier aux récepteurs Fc que les anticorps des patients n’ayant pas survécu. Il a aussi été possible de mettre en évidence une meilleure réponse phagocytaire, cellules capables d’intérioriser et de détruire des éléments de taille variable, chez tous les patients ayant survécu.

Dans le groupe de patients présentant une infection modérée, la réponse humorale était effectivement ralentie, conséquence possible de l’activation d’autres mécanismes ou de l’exposition initiale à une concentration plus faible de virus.

Bien que la production d’anticorps semble augmenter avec la sévérité de l’infection, il n’a pas été possible dans cette étude de mettre en évidence des niveaux plus élevés d’anticorps ou des fonctions altérées chez les patients décédés de la COVID-19.

On peut schématiser ces résultats de la façon suivante :

L’établissement de biomarqueurs précoces, caractéristiques biologiques mesurables dans les jours suivants l’infection, permettraient de distinguer plus facilement les patients se dirigeant vers des formes sévères des autres patients, et faciliter par conséquent leur prise en charge hospitalière.

[1] Lettre bimensuelle 16-22 novembre 2020

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