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Evaluation de la mémoire immunitaire face au SARS-CoV-2

Pour comprendre l’enjeu de la mémoire immunitaire, il faut d’abord comprendre par quelles étapes passe la réponse de l’organisme à une infection.

En réponse au virus SARS-CoV-2, plusieurs agents participent à la réponse immunitaire spécifique contre ce virus : des anticorps, des lymphocytes B (LB), des lymphocytes T (LT) CD8+ (ou cytotoxiques, qui détruisent les cellules infectées) et des LT CD4+ (auxiliaires, qui permettent l’activation d’autres cellules immunitaires). Cette réponse immunitaire commence à être bien connue.

Comment intervient dès lors la mémoire immunitaire ? Des études ont récemment montré que la présence d’anticorps neutralisants dirigés contre le SARS-CoV-2 n’est pas corrélée à une sévérité moindre de la maladie. En revanche, ils sont associés à une immunité protectrice contre une réinfection par le virus. On sait aussi que la réponse lymphocyte T spécifique est importante pour contrôler une infection primaire chez un patient infecté par le virus. Cependant, l’immunité-mémoire, qui permettra de protéger un individu d’une réinfection par le virus, est moins bien connue.

Cette immunité-mémoire, acquise suite à une première infection ou à une immunisation (par la vaccination, par exemple), est étroitement étudiée pour le développement des vaccins. Elle permet, lors d’une seconde exposition au pathogène, une réponse immunitaire plus rapide et plus intense que lors de la première exposition, comme le montre la figure ci-dessous.

Le SARS-CoV-2 est un virus nouveau, et malheureusement, l’étude de l’immunité-mémoire ne peut pas se fonder uniquement sur des prédictions de la réponse immunitaire observée à un temps court après guérison. Ainsi, évaluer ces réponses mémoires, plusieurs mois après une infection, est nécessaire pour vérifier la réactivité de l’organisme. Elle requiert l’étude de ses différents composants, comprenant les anticorps, les LB, les LT CD4+ et CD8+, qui peuvent avoir des cinétiques immunitaires mémoires différentes, c’est-à-dire des vitesses de réactions variables.

Pour réaliser cela, on a observé 185 individus infectés par le virus. Ils étaient âgés de 19 à 81 ans et présentaient la maladie à différents stades (asymptomatique, symptômes légers, moyens, modérés ou sévères). Des échantillons sanguins ont été prélevés jusqu’à 8 mois après infection afin d’étudier les anticorps et les cellules immunitaires mémoires circulantes.

Tout d’abord, concernant la réponse humorale, on a observé que 90% des sujets étudiés possèdent des anticorps neutralisants 6 à 8 mois après infection. Les IgG dirigés contre la protéine Spike du virus (protéine de surface) sont durables dans le temps, avec une légère diminution après 6 mois. Les anticorps dirigés contre le domaine de liaison au récepteur (RBD, domaine situé sur la protéine Spike) et contre la protéine de nucléocapside suivent globalement la même cinétique que ceux dirigés contre la protéine Spike. Néanmoins, l’amplitude de la réponse anticorps est très hétérogène selon les individus et ceci est une caractéristique centrale de l’immunité mémoire face à ce virus.

De même, les réponses LB mémoire apparaissent robustes et durables : elles sont spécifiquement dirigées contre la protéine Spike, la protéine RBD et la nucléocapside et elles apparaissent similaires. La quantité de LB augmente légèrement, puis se stabilise durant les cinq premiers mois post-infection comme le montre la figure :

Concernant la réponse LT CD8+ mémoire dirigée contre le Sars-CoV-2, 61% des individus en possèdent un mois après l’infection. Cette proportion d’individus diminue à 50% après 6 mois.

Enfin, 89% des personnes infectées étudiées possèdent des LT CD4+ après 6 mois, mais la quantité de ces cellules diminue progressivement au cours du temps.

Quels sont les conclusions principales de cette étude ? Celle-ci a montré qu’une immunité mémoire comprenant au moins 3 composants (anticorps, LB, LT CD4+ ou LT CD8+) est présente chez 90% des patients inclus dans ce protocole. Cela indiquerait qu’une immunité durable dans le temps face à une réinfection par le SARS-CoV-2 est probable chez une majorité d’individus.

La principale limite de cette étude est qu’elle n’étudie que les composants circulants de la réponse immunitaire mémoire. Or, il est tout à fait possible que l’immunité locale, notamment au niveau des muqueuses nasales et respiratoires, joue un rôle important dans la mémoire immunitaire après une infection primaire.

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