Des anticorps de chameaux produits par des souris !

Les nanocorps sont de petits anticorps monomériques, provenant des camélidés et pouvant se lier à un antigène (voir lettre News-COVID-19.info 3-9 mai 2021). Ces nanocorps permettent d’atteindre des cibles inaccessibles par les anticorps conventionnels. Plusieurs nanocorps ont pu être adaptés pour devenir efficaces chez l’homme contre le SARS-CoV-2. Mais ils restent actuellement difficiles à produire à grande échelle à partir de lymphocytes B (LB) de camélidés (comme les lamas ou les chameaux). Des chercheurs américains (National Institutes of Health, Bethesda, The Rockefeller University and Columbia University, New York) ont cependant réussi à obtenir des nanocorps efficaces contre le SARS-CoV-2 à partir de souris.

Pour cela, ces chercheurs ont génétiquement modifié des souris de laboratoire en leur intégrant des gènes d’alpagas, de dromadaires et de chameaux. Ils ont ensuite immunisé ces souris avec la protéine de surface Spike (S) du SARS-CoV-2 pour activer leur immunité et se sont assurés de la production de nanocorps. Ils les ont alors isolés quand ils ciblent le domaine RBD de la protéine S, partie qui se lie au récepteur cellulaire ACE2 pour permettre l’entrée du virus dans la cellule. Ils se sont assurés que ces nanocorps produits permettent une neutralisation efficace du SARS-CoV-2.

Ces chercheurs ont ensuite confirmé, comme cela avait déjà été montré (voir lettre News-COVID-19.info 8_14 Février 2021), que les nanocorps mutivalents (des assemblages de plusieurs nanocorps) étaient plus efficaces que les nanocorps simples. Enfin, les scientifiques ont pu prouver que ces nanocorps étaient efficaces pour neutraliser des variants émergents du SARS-CoV-2, comme les variants ⍺ (anglais), β (sud-africain) et ɣ (brésilien).

Ces nanocorps présentent un certain nombre d’avantages. Tout d’abord, leur taille réduite leur permet de se lier à des cibles que les anticorps ne peuvent atteindre. De plus, ils restent efficaces contre les variants émergents du SARS-CoV-2, alors que les anticorps thérapeutiques, actuellement sur le marché, voient leur efficacité diminuée. Produire ces nanocorps chez des souris de laboratoire faciliterait leur utilisation en masse.