Comment bloquer les différents variants ?

Le SARS-CoV-2 pénètre dans les cellules grâce à l’interaction entre sa protéine de surface Spike (S) et le récepteur cellulaire ACE2, et du fait d’une protéase cellulaire. Des protéines ACE2 solubles (sACE2), servant de leurres pour le virus, et des inhibiteurs de la protéase sont des traitements en cours d’essais cliniques (voir lettre news-COVID-19.info ‘-10 Janvier 2021). Mais actuellement, les anticorps neutralisants sont les seuls traitements efficaces. Ces anticorps ciblent principalement la protéine virale S. Depuis quelques semaines, plusieurs variants du virus sont apparus, notamment les variants anglais, sud-africain et brésilien. Ces 2 derniers variants comportent neuf et onze mutations dans la protéine S (notamment en position 417, 484 et 501). Des chercheurs allemands viennent de montrer l’efficacité des traitements-candidats (sACE2 et inhibiteurs de protéase), ainsi que des inhibiteurs de fusion membranaire (qui bloque la pénétration du virus dans la cellule), contre tous ces variants alors que les anticorps (thérapeutiques ou induits par la vaccination) ne le sont que partiellement.

Ils ont tout d’abord interrogé les traitements-candidats sACE2 et inhibiteurs de protéase et de fusion membranaire pour savoir s’ils permettent de bloquer l’entrée dans la cellule de pseudovirus, virus modèles non réplicatifs, portant la protéine S des variants du SARS-CoV-2. Il apparaît que ces deux traitements restent efficaces pour bloquer l’entrée des trois variants.

Ils ont ensuite réalisé ces mêmes expériences d’entrée du virus dans la cellule mais cette fois-ci avec les traitements disponibles à base d’anticorps neutralisants. Le variant anglais apparaît alors bien neutralisé. En revanche, les variants sud-africain et brésilien le sont moins bien, voire pas du tout. Avec le sérum de patients guéris de la COVID-19, ou de ceux vaccinés avec le vaccin Pfizer-BioNTech, la protection contre les variants sud-africain et brésilien semble limitée et bien moins robuste que contre la souche d’origine.

En conclusion, le variant anglais semble ne pas échapper à la neutralisation par les anticorps, contrairement aux variants sud-africain et brésilien. Or un des grands espoirs de sortie de cette crise sanitaire repose sur la vaccination pour atteindre une immunité collective. L’apparition de variants du SARS-CoV-2 échappant à l’immunité induite par la vaccination est donc une menace réelle.