Pour mimer des mutations qui rendraient Spike moins reconnaissable, c’est-à-dire conduisant à des échappements, ces chercheurs ont introduit 1700 mutations dans le RBD de Spike. Ils ont montré que l’interaction du leurre reste forte. Par rapport au récepteur naturel, le leurre est avantagé par sa stabilité et sa petite taille. Cet échappement est possible uniquement si plusieurs mutations apparaissent ensemble sur les RBD de Spyke, ce qui est peu fréquent.
Suite à ces analyses structurales, l’équipe a ensuite procédé à des tests fonctionnels. In vitro, les CTC-445.2 et CTC-445.2d neutralisent efficacement l’infection par le SARS-CoV-2, sans aucune toxicité pour les cellules ni aucune influence sur l’activité du récepteur ACE2 naturel. In vivo, le CTC-445.2d est stable pendant plus de 24h dans les poumons et les voies respiratoires de souris ayant reçu une seule dose de 100 mg en intranasal. Après 14 jours d’une telle administration quotidienne, aucun effet secondaire n’a été observé. Enfin, une seule dose de 560 mg administrée 12 heures avant une infection par le SARS-CoV-2 protège des hamsters de la détresse respiratoire et de la mort.
Du point de vue thérapeutique, les protéines biologiques issues de sources naturelles (sang, etc…) peuvent avoir de nombreux inconvénients : des effets indésirables dus à des activités résiduelles, des réactions auto-immunes, des quantités limitées, des problèmes de stabilité rendant complexe la fabrication, le stockage et l’acheminement, etc. Les protéines de synthèse (de novo) peuvent quant à elles être améliorées « à la carte ». Les leurres décrits ici sont « hyperstables », inertes pour l’organisme et peuvent résister à l’échappement par mutations. Afin de fournir plus de molécules optimisées, les chercheurs prévoient d’augmenter la cadence de leur pipeline. Il n’est pas indiqué si des essais cliniques sont prévus.