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Vulgarisation scientifique des avancées de la recherche sur la COVID-19

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Qui propageait la COVID-19 en 2020 ?

La transmission du SARS-CoV-2 se fait par contact proche. Après la première vague de COVID-19, les mesures-barrières et les confinements répétés ont changé les modes de contact et ont permis de réduire la mortalité comme le taux d’incidence. Mais depuis juin 2020, on a observé une résurgence du nombre de cas aux Etats-Unis et en Europe. Certaines études démographiques soutiennent que ce phénomène est majoritairement véhiculé par les jeunes adultes (20-29 ans). Mais les disparités géographiques en termes de logistique sanitaire, de déplacements, d’incidence, de mortalité ou d’interventions « non pharmaceutiques » (fermetures, confinements, vaccination) peuvent remettre en question ces études. Il est donc nécessaire de vérifier ces résultats pour cibler les interventions et contrôler plus efficacement la pandémie.

Des chercheurs anglais (Imperial College London) ont tenté d’identifier les tranches d’âge majoritairement responsables du rebond épidémique de 2020 aux Etats-Unis. Pour ce faire, les déplacements de plus de 10 millions de personnes ont été modélisés à partir des données de géolocalisation de téléphones portables, en utilisant les algorithmes de Pilgrim (Foursquare). Les données ont ensuite été triées par tranches d’âge. Pour corriger les imprécisions dues par exemple, aux changements de propriétaires, aux imprécisions de la géolocalisation ou aux changements d’opérateurs, les résultats ont été croisés avec ceux d’un autre fournisseur mobile, Emodo. Le modèle a ensuite été adapté aux données publiques de mortalité COVID-19 à travers 38 Etats et métropoles. Chez les plus jeunes de moins de 20 ans, les données de mobilité sont moins accessibles (moins de portables, etc.) et les contacts plus fréquents ont lieu en semaine à l’école plutôt que le week-end. Pour ce groupe, on a intégré les données de surveillance des contacts de deux études indépendantes (Chine et Angleterre).

D’avril à octobre 2020, le taux de reproduction R0 était le plus élevé (de 1,24 à 1,44) chez les 20-49 ans. En effet, cette population est la plus mobile, a le plus de contacts avec elle-même et développe plus de COVID-19 que les plus jeunes. Leur contribution à la propagation de la maladie est 10 fois plus élevée que celle des moins de 20 ans, 2,5 fois plus que les 50-64 ans, et 10 fois plus pour les plus de 65 ans. Si la contribution des 35-49 ans est homogène dans tout le pays, celle des 20-34 ans est plus élevée dans les Etats du sud, de l’ouest et du sud-ouest. D’août à octobre 2020, les écoles ont rouvert dans la plupart des Etats, soulevant la question de l’impact sur le rebond épidémique. Mais le modèle montre que cet impact est négligeable car pendant cette période, les tendances restent les mêmes. Les 0-9 ans comptent pour 5% des infections et les 10-19 ans pour 10%, ce qui est complètement différent en comparaison des épidémies de grippe. Les jeunes transmettant efficacement le virus aux 20-49 ans, le modèle prévoit que la réouverture est indirectement responsable du rebond à hauteur de 26% de la transmission.

Certaines études suggèrent cependant que les cas rapportés de morts COVID-19 seraient sous-estimés, ce qui pourrait fortement biaiser l’étude. De même, les cas asymptomatiques sont majoritaires chez les jeunes.

Bien que ce modèle comporte certaines limites, il montre donc que le rebond épidémique de 2020 aux Etats-Unis, mais aussi les décès dus aux visites des aînés, a été majoritairement véhiculé par les 20-49 ans (72,2% des infections), principalement à cause de leurs changements de comportement et de mobilité. Les auteurs préconisent que dans les régions où le virus n’est pas encore complètement installé, ce groupe (20-49 ans) doit donc être vacciné en priorité pour contenir la transmission.

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