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Vulgarisation scientifique des avancées de la recherche sur la COVID-19

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Repenser l’organisation de la R&D

L’année 2020 restera dans les mémoires comme l’année de la pandémie de COVID-19 et de ses conséquences dévastatrices, tant au niveau de la santé qu’au niveau sociétal et économique. Cette crise sanitaire a mis en avant la fragilité de notre système et de notre préparation face aux épidémies, notamment concernant le système économique de recherche et développement (R&D) permettant la mise au point rapide d’outils de diagnostics et des thérapeutiques face à une maladie émergente. Malgré tout, cette année fut aussi un temps d’innovation et de collaboration scientifique sans précédent qui a permis de développer dans un temps record de nouveaux outils d’analyse comme de traitement et de mettre au point plusieurs vaccins sûrs et efficaces contre le SARS-CoV-2. Des chercheurs académiques américains ont évalué l’efficacité de la R&D durant la crise de la COVID-19 afin de mettre en avant les progrès réalisés mais aussi de pointer les manquements pour être mieux préparés lors des prochaines pandémies.

L’idée de travailler dans un système économique unique de la R&D biomédicale, avec pour but de connecter les talents et les ressources de la recherche académique (laboratoires publics) et des industriels, est née il y a une vingtaine d’années. La priorité fut d’abord celle des maladies connues, chroniques et non contagieuses. En effet, même si les pandémies de grippe H1N1 en 2009, puis d’Ébola en 2014, ont pu rappeler que les recherches sur les maladies émergentes nécessitaient un investissement continu et régulier, financer un marché qui ne verra peut-être jamais le jour est moins intéressant que sur celui des maladies chroniques et connues. Des leçons furent tout de même tirées de l’épidémie d’Ébola : l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a ainsi développé différentes mesures et plans des activités de R&D dans le but de mieux nous préparer aux épidémies.

Des organisations de recherches ont d’ailleurs commencé à développer des technologies vaccinales pouvant être appliquées à différents pathogènes susceptibles émerger. Par exemple, un partenariat recherche public-privé a été établi avec la société Moderna pour développer un vaccin-candidat ARNm contre le MERS (un autre coronavirus). Cela a d’ailleurs permis de développer très rapidement sur cette base un vaccin-candidat contre le SARS-CoV-2. Quelques pays comme les États-Unis ou la Russie avaient les ressources financières et la coordination nécessaire avant la pandémie pour soutenir la R&D des secteurs publics et privés. Pour les États-Unis, par exemple, cela leur a permis durant cette crise de développer et produire de bout en bout un vaccin sûr et efficace contre la COVID-19 (Moderna).

D’autres pays, comme la France, l’Allemagne ou le Royaume-Uni, ont une bonne expertise scientifique, de solides infrastructures et des moyens financiers, mais ne possèdent pas le système économique de R&D permettant la mise au point et la production complète d’un produit de santé. De plus, les pays membres de l’ONU ne sont pas bien coordonnés et l’organisation est sous-financée. En réponse au besoin d’accélérer l’élaboration, la production et l’accès aux produits de santé pour lutter contre la COVID-19, notamment dans les pays en développement, des initiatives de rassemblements de chefs de gouvernement, d’institutions et d’industriels, ont eu lieu. Mais ces actions n’ont pas été suivies par tous les pays et les promesses de financement sont restées inadaptées. Les droits intellectuels et les brevets issus de l’innovation de la recherche publique et privée peuvent être également un frein à la disponibilité des produits pharmaceutiques pour l’ensemble des personnes dans le monde.

En conclusion, le système économique de R&D pour la production et la distribution rapide de produits de santé, face à une épidémie, semble relativement efficace et adapté uniquement dans un petit nombre de pays. De plus, la collaboration mondiale, nécessaire pour faire face à une pandémie, n’est pas efficace actuellement. Il sera nécessaire de mettre en place un mécanisme de financement global, fiable et conséquent, ainsi qu’une organisation et collaboration mondiales, pour assurer à l’ensemble de la population l’accès aux produits de santé permettant de faire face à la prochaine pandémie.

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