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Vulgarisation scientifique des avancées de la recherche sur la COVID-19

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Pourrait-il y avoir des surinfections ?

Il est désormais établi qu’à la suite d’une infection par le SARS-CoV-2, nous produisons efficacement des anticorps dirigés contre le virus. Parmi eux, les anticorps neutralisants ont le potentiel de bloquer l’attachement du virus à la cellule-cible. Mais, il n’est pas encore clairement établi qu’ils puissent conférer une protection contre une nouvelle infection par le même virus. Malgré tout, les cas rapportés de réinfection sont rares, ce qui nous permet d’être optimistes.

Pour approfondir cette question, des chercheurs d’Oxford (Royaume-Uni) ont suivi le personnel soignant de 4 hôpitaux affiliés à leur université, soit 12 541 donneurs, pendant plus de 31 semaines. L’équipe a tout d’abord évalué la présence d’anticorps sanguins dirigés contre la protéine virale Spike (S, la cible des anticorps neutralisants) ou contre la nucléoprotéine (N, protéine virale interne non sujette à la neutralisation) par des tests ELISA, tests sérologiques spécifiques pour la détection des anticorps contre la COVID-19. Après avoir déterminé si ces personnes du corps médical étaient positives ou négatives, on a ensuite évalué par PCR, tous les 15 jours, si elles avaient contracté le virus au cours de cette étude.

Au début du suivi, 11 364, soit plus de 90% des donneurs, étaient négatifs. 1 177 des donneurs étaient positifs. Parmi eux, 68% d’entre eux ont eu des symptômes de la COVID-19 et 37% ont été testés positifs par PCR.

A la fin du suivi, 223 donneurs négatifs ont été infectés : 100 asymptomatiques et 123 symptomatiques. Seulement 3 donneurs positifs ont été réinfectés, tous asymptomatiques, dont un seul précédemment testé positif par PCR. Ces 3 donneurs avaient des taux d’anticorps anti-S (2 sur 3) et anti-N discordants, et seulement un seul a développé les deux anticorps. Ceci révèle que la détection d’anticorps par ELISA, comme marqueurs d’une primo-infection, est imparfaite.

Le risque d’exposition n’étant pas constant (notamment entre les deux premières vagues), on a modélisé le taux d’infection selon le test statistique de la régression de Poisson et ajusté selon l’âge, le sexe et le temps : ce taux est alors de 1,09 pour les négatifs et de 0,11 pour les positifs.

C’est ce qu’on peut représenter schématiquement ainsi :

Dans cette étude, la présence d’anticorps anti-S ou anti-N, entraînée par une première infection, est associée à un risque très faible de réinfection pendant au moins 6 mois. Cette étude comporte certains des biais discutés par les auteurs eux-mêmes : la rigueur et la fréquence du suivi, les difficultés de stockage de certains prélèvements, les erreurs de laboratoire, les résultats PCR non communiqués à l’hôpital, l’absence d’enfants et de personnes âgées dans la cohorte, sont autant de paramètres compliqués à contrôler. Certaines questions demeurent ainsi en suspens. Ici, la trop faible incidence de réinfection ne permet pas de définir ce qui a permis la protection (des anticorps ou l’immunité cellulaire ?) ou ce qui a permis la réinfection (par des souches différentes ?). Ces études pionnières sur la protection chez l’homme doivent donc être confirmées et approfondies, notamment pour répondre à des questions supplémentaires comme le lien entre protection et transmission, le temps de protection, ou ce qui sous-tend la présence ou non de symptômes.

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