News

COVID-19.info

Vulgarisation scientifique des avancées de la recherche sur la COVID-19

Site développé par 100pour100 MEDECINE

Les anticorps sont-ils transmis au fœtus ?

Certaines populations spécifiques courent un plus grand risque dans l’épidémie de COVID-19. C’est notamment le cas des femmes enceintes qui comptent plus de cas sévères que les autres du même âge. Le fœtus se protége des agents pathogènes grâce au transfert des anticorps maternels (IgG) via le placenta. Ce transfert des anticorps a lieu dès le 1er trimestre de grossesse mais augmente de manière exponentielle jusqu’au 3ème trimestre. Pour la majorité des pathogènes, les taux d’IgG dans le cordon ombilical sont plus élevés que dans le sang maternel.

Il a été établi que certaines infections maternelles modifient le transfert des anticorps à travers le placenta, mais ce mécanisme reste flou. Cela pourrait être dû à des altérations de la glycosylation des anticorps (ajout de sucres), pouvant modifier leurs propriétés immunologiques lors d’une infection.

Pour cette raison, on a récemment étudié le transfert à travers le placenta des anticorps dirigés contre le SARS-CoV-2. Des chercheurs de Harvard ont recruté une cohorte de 22 femmes enceintes infectées par le SARS-CoV-2 durant le 3ème trimestre de grossesse, et 34 femmes enceintes non infectées par le virus au même stade de grossesse. Les profils sérologiques face au virus influenza (agent pathogène de la grippe), à la bactérie Bordetella Pertussis (agent de la coqueluche) et au SARS-CoV-2 ont été établis à partir du sang de ces femmes enceintes et à partir du sang de leur cordon ombilical.

Tout d’abord, pour étudier la possible altération des mécanismes de transfert, on a évalué les anticorps spécifiques du SARS-CoV-2 dans le sang de la mère et dans le sang du cordon. De même, on a mesuré les taux d’anticorps dirigés contre le virus influenza et la bactérie Bordetella Pertussis, servant de référence pour observer le transfert d’anticorps suite à une infection ou d’immunisation passées.

La première observation a montré que les anticorps dirigés contre le virus influenza et la bactérie Bordetella Pertussis sont transférés efficacement à travers la barrière placentaire, à la fois chez les mères infectées par le SARS-CoV-2, et chez non infectées. En revanche, on a constaté une diminution significative du transfert des anticorps dirigés contre le SARS-CoV-2 chez les mères infectées au troisième trimestre de grossesse. Cette diminution du transfert n’est pas observée quand l’infection a lieu lors du 2ème trimestre de grossesse.

Pour comprendre les mécanismes responsables de la diminution du transfert des anticorps contre SARS-CoV-2, on a exploré leur glycosylation. Il est en effet apparu que ces anticorps subissent des modifications par l’ajout des sucres. Ces modifications entraîneraient alors la réduction de leur transfert placentaire. Mais celle-ci serait en partie compensée. Certains paramètres semblent permettre de transférer plus efficacement, à travers le placenta, les anticorps ayant des modifications de la glycosylation. Par exemple, des récepteurs nommés FCGR3A ont une meilleure affinité pour les anticorps portant ces différences de glycosylation. Ainsi, on a relevé une légère augmentation de l’expression des récepteurs FCGR3A dans le placenta des femmes infectées, mais également une augmentation de leur proximité avec d’autres récepteurs, les Fc, qui faciliteraient le transfert des anticorps.

C’est ce qu’on peut représenter schématiquement ainsi :

Même si les résultats de cette analyse sont intéressants, il faut garder à l’esprit que le nombre de femmes recrutées dans la cohorte est limité. Les conclusions doivent donc être vérifiées par des études supplémentaires.

error: Content is protected !!