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Les virus interférents : une nouvelle thérapeutique contre la COVID-19

L’évolution permet généralement aux pathogènes, virus ou bactéries, d’acquérir des résistances aux antimicrobiens. Le SARS-CoV-2 ne déroge pas à ce principe. Les variants émergents, comme le variant Alpha (anglais), Bêta (sud-africain) ou Delta (indien) apparaissent plus transmissibles ou plus résistants aux anticorps acquis par une infection ancienne ou par vaccination.

Pour se répliquer, le virus possède un génome servant de matrice pour la fabrication de ses protéines. La machinerie des cellules de l’organisme infecté est détournée pour fabriquer en priorité les protéines virales et ainsi produire de nombreux nouveaux virions. Depuis longtemps, on utilise des virus modifiés (interférents). Au départ il s’agissait d’outils pour l’étude in vitro de ces pathogènes, puis on en a fait des thérapeutiques pour traiter l’infection contre différents virus. Ces virus modifiés ne possèdent pas un génome complet et n’ont alors pas de pouvoir pathogène.

Comment fonctionnent-ils ? Ils entrent en compétition avec le virus à l’origine de la maladie (le SARS-CoV-2 par exemple) car la machinerie de la cellule est occupée à assembler les protéines du virus interférent et ne peut donc pas assembler les protéines du virus pathogène.

Dans cet article, les scientifiques ont construit des virus interférents candidats pour traiter le SARS-CoV-2 et l’ont testé in vitro et in vivo dans un modèle animal. Pour cela, des chercheurs du Gladstone institutes (San Francisco, USA) ont tout d’abord déterminé grâce à la modélisation informatique si un virus interférent permettant de diminuer la charge virale SARS-CoV-2 était réalisable. Ces analyses ont démontré qu’il l’était afin de supprimer la charge virale SARS-CoV-2 après une seule administration.

Les scientifiques ont alors construit in vitro, grâce à la biologie moléculaire, plusieurs candidats de virus interférents. Afin d’évaluer leurs effets, ils ont réalisé des tests en culture cellulaire et ont ainsi validé leur activité d’inhibition du SARS-CoV-2. Les capacités des virus candidats interférents ont également été testés sur un autre modèle cellulaire : des organoïdes de poumon. Les organoïdes sont des structures tridimensionnelles composées de cellules reproduisant l’anatomie d’un organe. Les analyses ont montré que le virus interférent ne restreint pas l’entrée ou les étapes précoces du SARS-CoV-2 dans la cellule, mais plutôt la réplication de son génome et l’assemblage du virion.

Comment cela se peut-il ? Les virus ARN, comme le SARS-CoV-2, évoluent rapidement et pourraient s’adapter au virus interférent et ainsi échapper à la compétition de fabrication de leurs protéines. Mais les virus interférents sont en compétition avec le SARS-CoV-2 sur des protéines hautement conservées, régions où il y a peu de mutations, et donc le virus ne devient pas facilement résistant à ce traitement.

Enfin, ces chercheurs ont évalué l’efficacité de ces virus interférents in vivo, sur un modèle animal, des hamsters sensibles à l’infection par le SARS-CoV-2. Les virus interférents ont été administrés par voie intranasale. Ces tests ont donné de bons résultats en prévention ou en traitement : les virus interférents permettent de diminuer drastiquement et durablement la charge virale dans les poumons des hamsters ainsi que l’inflammation, limitant ainsi la maladie pulmonaire.

Si cette thérapeutique peut être développée et approuvée chez l’homme, elle sera d’une grande efficacité en une seule dose, avec de faibles risques de résistance au traitement. Mais il faut en effet continuer le développement de ces virus interférents et les tester chez l’homme car le hamster reste un modèle imparfait.

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