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Vulgarisation scientifique des avancées de la recherche sur la COVID-19

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Un poliovirus modifié comme traitement de la COVID-19 ?

Les virus ARN sont une réelle menace pour la santé mondiale et entraînent régulièrement des épidémies, comme le virus du SIDA, de la grippe, de la Dengue, Zika et bien sûr du SARS-CoV-2, responsable de la COVID-19. Malgré le développement de vaccins, le virus continue de circuler ce qui entraîne l’émergence régulière de variants. On a donc un besoin de traitements efficaces contre tous les variants, actuels et à venir.

Naturellement, le corps humain possède un système immunitaire capable d’empêcher ou d’atténuer l’infection de pathogènes. En première ligne de défense se trouve le système immunitaire inné, déclenchant la production de messagers (cytokines) permettant le recrutement de cellules immunitaires. Cette réponse innée est rapide et non spécifique à un pathogène. Elle précède la réponse adaptative, plus lente à se mettre en place mais typique. La vaccination permet de renforcer la réponse immunitaire adaptative contre un pathogène précis. Une autre piste de traitement serait d’améliorer la réponse immunitaire innée. Mais l’administration de médicaments augmentant la réponse innée, comme des molécules pro-inflammatoires tel que l’interféron, provoque souvent de nombreux effets indésirables.

Des chercheurs de San Francisco (Université de Californie) ont éprouvé l’hypothèse qu’un virus non pathogène, reconnu par le système immunitaire, pourrait activer la réponse innée et serait donc efficace contre tout un panel d’infections virales, sans effets secondaires. Cette hypothèse découle du constat que l’administration d’une forme atténuée, et donc non pathogène du poliovirus, protège non seulement contre l’infection à poliovirus mais également contre la grippe. Ces chercheurs ont alors développé un virus défectif à partir du poliovirus, c’est-à-dire un virus qui ne possède pas un génome complet. Ces virus défectifs peuvent infecter des cellules mais ne peuvent pas se propager de cellule à cellule. L’infection par ces virus modifiés reste donc limitée à un nombre restreint de cellules au niveau du site d’administration.

Ces chercheurs ont vérifié tout d’abord in vitro que ce virus artificiel permet de protéger contre une infection par le poliovirus, tout comme contre d’autres virus, par exemple celui de la grippe et du SARS-CoV-2. Ce virus défectif permet de réduire de 100 à 1 000 fois l’infection par ces différents virus.

Ils l’ont ensuite testé in vivo sur des souris pour réduire les formes graves de ces infections. Ce traitement peut être utilisé en pré ou post-exposition au virus pathogène, en administration intrapéritonéale ou intranasale. Pour le SARS-CoV-2 particulièrement, ce traitement réduit la réplication du virus et empêche les symptômes de la maladie. De plus, cette protection, assurée par les virus défectifs, semble durer dans le temps et sans effets secondaires chez la souris. Enfin, ce traitement est non pathogénique, il peut être administré de façon non-invasive et il ne semble pas induire de résistance au traitement. En effet, les mutations virales ne permettent pas de rendre les virus résistants à cette thérapeutique puisque le traitement renforce la réponse immune innée multicomposante.

Ce virus modifié serait donc une bonne alternative aux antiviraux conventionnels et aux anticorps thérapeutiques pour lesquels les virus ARN, grâce à la plasticité de leur génome, deviennent résistants au fur et à mesure de leur utilisation.  Des études complémentaires sont désormais nécessaires pour mieux caractériser son efficacité et ses éventuels effets indésirables chez l’homme.

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