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Vulgarisation scientifique des avancées de la recherche sur la COVID-19

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Les difficultés propres aux pays africains les plus avancés

En mars 2021, certains pays d’Afrique avaient subi deux vagues d’infections avec au total plus de 2,9 millions de personnes atteintes et plus de 74 000 morts. Comme partout dans le monde, les effets de la pandémie y sont très hétérogènes d’un pays à l’autre. Ces variations peuvent être dues à des différences intrinsèques dans la capacité à répondre à l’épidémie (qu’il est possible d’évaluer selon plusieurs index liés aux infrastructures sanitaires), aux capacités de tester, etc. Mais ces variations peuvent aussi s’expliquer par des sous-estimations locales des cas.

Afin de mieux comprendre les facteurs qui fragilisent un pays et d’établir des outils-pronostics, des scientifiques anglais et africains (universités d’Edinburgh, de Nairobi, du Ghana et bureau des Nations-Unies d’Afrique) ont mené une étude observationnelle en s’appuyant sur les données de mortalité COVID-19 en Afrique, mais aussi sur la spécificité de chaque pays. Dans ce modèle, la sous-estimation de la mortalité a été corrigée.

Il apparaît que durant la 1ère vague en juillet 2020, la proportion de population urbaine, la fréquence des voyages avant la pandémie et la prévalence du SIDA (comorbidités associées) sont des indicateurs clairs du taux de mortalité par habitant. En revanche, le timing ou l’astringence des mesures gouvernementales de restrictions ont très peu d’impact, y compris sur la sévérité de la 2nde vague en janvier 2021. La mortalité de la 1ère vague peut directement prédire celle de la 2nde vague, car les vulnérabilités internes d’un pays, et donc les facteurs de risque, restent les mêmes. Les caractéristiques intrinsèques de chaque pays ont déterminé l’évolution de l’épidémie au niveau national.

De manière contre-intuitive, les pays pauvres à faible capacité de résilience ne sont pas les plus impactés par la mortalité. En effet, les pays les plus peuplés, dotés de plusieurs aéroports internationaux et ayant un trafic aérien élevé, sont ceux où les premiers cas COVID-19 sont apparus le plus tôt, quelle que soit leur capacité à répondre à l’épidémie ou à tester. Les Etats insulaires ont détecté leurs premiers cas plus tardivement.

Cette étude identifie donc des facteurs de risque prédictifs associés à la mortalité lors des deux premières vagues de COVID-19 en Afrique. Ils sont inversement dépendants du niveau de développement socio-économique puisque les pays les mieux équipés et préparés à répondre sont aussi les plus vulnérables. Les auteurs soulignent que la surveillance et la validation des décès doivent être renforcées en Afrique, et que des efforts doivent être menés pour mieux comprendre et corriger les facteurs de risque afin de mieux se préparer aux émergences virales futures.

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