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Vulgarisation scientifique des avancées de la recherche sur la COVID-19

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Les cas de COVID-19 ont-ils été sous-estimés en France ?

La détection du virus a pour but d’identifier et d’isoler les patients COVID-19 afin de limiter la transmission et de contrôler l’épidémie. Mais les cas positifs sont largement sous-estimés puisque la plupart sont asymptomatiques ou modérés et échappent aussi au contrôle. Au début de l’épidémie, compte tenu de son caractère inédit, les capacités logistiques de détection en France étaient insuffisantes et on se concentrait uniquement sur les cas critiques. Mais pour permettre la levée du premier confinement (le 11 mai 2020), il a ensuite été décidé de tester systématiquement tous les cas potentiels.

Pour évaluer les performances de cette politique et en identifier les limites, des chercheurs français (INSERM, Sorbonne-Université) ont modélisé par ordinateur l’évolution des taux de détection de 12 régions françaises entre le 11 mai et le 28 juin 2020, pendant les 7 semaines qui ont suivi le premier confinement. Le modèle s’appuie sur les données virologiques (PCR) centralisées sur SI-DEP, sur des études participatives (7 500 personnes sur COVIDnet.fr) et sur des études démographiques et comportementales. Il prend en compte de nombreux facteurs : les divers degrés de sévérité, le confinement, la réduction des contacts après hospitalisation ou isolement, le relâchement des gestes barrières au cours du temps, la réouverture partielle des activités et le risque accru pour les séniors. Les projections ont aussi été comparées à des études sérologiques (détection d’anticorps) et virologiques indépendantes.

On pense ainsi qu’au cours de ces 7 semaines le nombre de cas estimés est largement supérieur à celui des cas confirmés. En moyenne, 9 cas symptomatiques sur 10 n’auraient pas été identifiés. Sur cette période, le taux de détection moyen envisagé a évolué de 7 à 38% en raison d’une réduction des infections (fin de première vague) et une amélioration progressive du système de détection. Il n’était plus nécessaire d’avoir des ordonnances et les tests PCR en « drive » se sont développés. Il a également été mis en place des applications mobiles et l’on a réduit les délais entre l’apparition des symptômes et le test.

C’est ce qu’on peut représenter schématiquement ainsi :

Cependant, les disparités régionales sont importantes. On estime ainsi qu’à la fin du mois de juin, on a dénombré 1 cas symptomatique sur 3 en Ile-de-France, 1 sur 5 dans le Grand Est, et presque tous en Occitanie ou en Normandie (sans doute en raison du faible nombre de cas). Ce modèle estime qu’à l’échelle nationale, seulement 31% des patients avec symptômes auraient consulté un médecin.

C’est ce qu’on peut représenter schématiquement ainsi :

Malgré cela, le taux de positivité réel, sur l’ensemble de la population, est resté relativement bas et stable (soit 1,2%, alors que l’OMS recommande moins de 5%). Toutefois, les projections mathématiques comportent des limites, les tests PCR sont imparfaits et un nombre élevé de tests sans pertinence surcharge le système. Néanmoins, ce modèle souligne clairement que les capacités de détection ont été rapidement éprouvées au fur et à mesure de la progression de l’épidémie. Ainsi, lors de la période étudiée, les autorités avaient prévu 700 000 tests par semaine, mais on en a réalisé seulement 250 000.

C’est pourquoi l’on doit impérativement accroître les capacités de détection pour espérer un contrôle efficace de l’épidémie, en repérant au moins 50% des cas symptomatiques. La surveillance médicale doit être renforcée pour réaliser des tests mieux ciblés, et les cas-contacts doivent être avertis beaucoup plus efficacement. Il est impératif que les personnes aillent consulter un médecin et se fassent tester rapidement après l’apparition des symptômes, en particulier, lorsqu’ils sont modérés. Les auteurs suggèrent donc des campagnes de sensibilisation plus agressives (Au moment de l’étude).

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