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Les principaux aspects de la réponse adaptative contre le SARS-CoV-2

Le système immunitaire de l’homme comprend l’immunité innée et l’immunité adaptative. L’immunité innée est non spécifique d’un pathogène mais permet une réponse immédiate à une agression. La réponse immunitaire adaptative est spécifiquement dirigée contre un pathogène, permet une immunité-mémoire, mais est plus lente à se mettre en place. Elle comprend 3 composants cellulaires : les lymphocytes B (LB) qui fabriquent les anticorps, les lymphocytes T CD4 dits helpers (LT CD4) permettant l’activation d’autres composants de l’immunité, et les lymphocytes T CD8 dits cytotoxiques (LT CD8) qui détruisent les cellules infectées. Le système immunitaire adaptatif est essentiel dans l’élimination des virus et dans la mémoire immunitaire, réponse primordiale dans le développement d’un vaccin. Ainsi, comprendre le fonctionnement du système immunitaire adaptatif, lors d’une infection par le SARS-CoV-2, est indispensable pour combattre la pandémie.

Lors d’une infection virale, le système immunitaire inné reconnaît le pathogène et déclenche l’expression d’interféron de type I ainsi que d’autres molécules pro-inflammatoires, quelques heures après l’infection. Cette réaction permet, en plus de créer un environnement inflammatoire local, d’enclencher la réponse adaptative. Cette réponse adaptative permet la production de suffisamment de cellules contrôlant l’infection, généralement en 6 à 10 jours.

Cependant, lors d’une infection par le SARS-CoV-2, le virus réussit à ralentir le déclenchement la réponse immunitaire innée et retarde ainsi le déclenchement de la réponse immunitaire adaptative, pourtant indispensable à l’élimination du virus. Si la réponse immunitaire adaptative débute trop tardivement, il semblerait que le système immunitaire inné tente de combler l’absence de LT en augmentant l’intensité de sa réponse. Une des hypothèses est que cette réponse innée massive serait à l’origine des pathologies pulmonaires. En effet, parfois la réponse immunitaire face à une infection virale cause plus de dommages que l’infection elle-même. D’autres considèrent que ce sont les LT ou les anticorps qui causent ces pathologies : les anticorps pourraient, dans certains cas, faciliter l’entrée de la particule virale dans les cellules, comme cela a déjà été décrit pour un virus comme la dengue.

Les anticorps, les LT CD4 et les LT CD8 jouent un rôle primordial dans la protection contre les infections virales. Néanmoins, le rôle et l’importance de ces composants diffèrent selon les virus. Lors d’une infection par le SARS-CoV-2, la réponse LT CD4 est plus importante que la réponse LT CD8. Des LT CD4 spécifiques du SARS-CoV-2 sont détectés dès 2 à 4 jours après le début des symptômes et le taux de LT CD4 spécifiques est étroitement lié à une sévérité moindre de la maladie. La présence de LT CD8 est également associée, mais dans une moindre mesure, à un meilleur pronostic de la COVID-19. Des anticorps spécifiques SARS-CoV-2 sont détectés chez la majorité des patients infectés 5 à 15 jours après le début des symptômes. Des anticorps neutralisants (ceux qui empêchent le virus d’entrer dans les cellules) sont également présents chez la plupart des individus infectés. En revanche, un haut taux d’anticorps neutralisants ne semble pas permettre de réduire la sévérité de la maladie. Il apparaît possible que l’infection puisse être contrôlée par la présence des LT CD4 et CD8 uniquement, même sans anticorps neutralisants.

L’âge est un des principaux facteurs de risque des cas sévères et des décès de la COVID-19. Un individu de 75 ans a 200 fois plus de risques de mourir du SARS-CoV-2 qu’une personne de 20 ans car les personnes âgées ont une réponse immune adaptative moins efficace. En effet, la réponse LT, lors d’une nouvelle infection virale, dépend de la réserve de LT naïfs, et l’abondance de ces LT décline avec l’âge. Le SARS-CoV-2 est un nouveau pathogène, membre de la famille des coronavirus, dont font également partie des virus à l’origine de rhumes. Néanmoins, le SARS-CoV-2 est assez éloigné de ces virus. Il existe tout de même des cellules immunitaires mémoires dirigées contre les coronavirus, à l’origine de rhumes, qui réagissent également contre le SARS-CoV-2, principalement des LT CD4.

Pour que l’immunité induite par l’infection ou par la vaccination soit efficace, il faut une immunité-mémoire, mais il faut également que le virus ne mute pas trop rapidement. Certains virus ARN, comme le virus de la rougeole ou le virus de la polio, sont relativement stables dans le temps et ne comptent que peu de mutations au niveau de leurs protéines de surface. Cela permet aux vaccins contre ces virus de rester efficaces 70 ans après leur développement. Le cas du SARS-CoV-2 reste encore flou. C’est pourquoi, il est primordial de surveiller l’apparition de mutations dans le génome viral. Le vaccin idéal permettrait la production à long terme d’anticorps neutralisants et entraînerait une immunité stérilisante pour empêcher la transmission du virus. Néanmoins, un vaccin qui empêche les symptômes de la maladie n’empêche pas obligatoirement la transmission du virus.

Concernant l’immunité à long terme, des études avaient été menées sur le SARS- CoV- 1, le coronavirus le plus proche du SARS- CoV- 2. Des LT mémoires et des anticorps neutralisants ont été détectés 17 ans après l’infection aiguë. En revanche, les LB ne sont plus détectés 6 ans après l’infection. Les études pour le SARS-CoV-2 sont encore limitées dans le temps, mais des LT et LB mémoires ont été détectés 6 mois après infection.

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