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Vulgarisation scientifique des avancées de la recherche sur la COVID-19

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Le recul de l’espérance de vie au Brésil

Au 9 juin 2021, la COVID-19 a officiellement provoqué plus de 3,7 millions de morts à travers le monde. Les États-Unis et le Brésil représentent à eux seuls 28% des décès mondiaux et 59% des décès du continent nord et sud-Américain. Dans ces 2 pays, le nombre de décès varie selon les États qui ont appliqué des mesures sanitaires variables suite à une coordination nationale presque inexistante.

Au Brésil, la situation est toujours compliquée : en avril 2021, 9 villes ont enregistré plus de décès que de naissances. De plus, le 25 avril, le nombre de morts en 2021 a dépassé celui de 2020. Pourtant dans ce pays, entre 1945 et 2020, l’espérance de vie est passée de 46 à 77 ans, soit une augmentation moyenne de 5 mois par an. Des chercheurs américains (School of Public Health, Boston, Princeton University) ont évalué et analysé le recul de l’espérance de vie au Brésil en 2020 et au cours des 4 premiers mois de 2021.

Ils sont partis du nombre de décès de janvier 2020 à avril 2021, par genre et à travers tout le Brésil. Ils ont ainsi calculé l’espérance de vie e0 d’un nouveau-né. Ce chiffre indique le nombre moyen d’années qu’un nouveau-né devrait vivre s’il était né une année spécifique et soumis aux taux de mortalité prévalant cette année-là tout au long de la vie. A titre d’exemple, l’épidémie de grippe espagnole en 1918 a réduit l’espérance de vie e0 aux États-Unis de près de 10 ans. La COVID-19 étant plus mortelle pour les personnes âgées, l’espérance e65 a aussi été calculée, correspondant au nombre d’années qu’une personne de 65 ans devrait vivre en moyenne.

Ces chercheurs ont ainsi estimé une réduction moyenne de l’espérance de vie e0 au Brésil entre 2019 et 2020 de 1,31 an, réduction plus prononcée pour les garçons (1,57 ans) que pour les filles (0,95 ans). L’espérance de vie e0 régresse ainsi à celle de 2014. La baisse la plus importante a eu lieu dans l’État d’Amazonas, au nord du pays (soit 3,46 ans), alors que l’État Rio Grande do Sul, au sud du pays, est le seul à avoir enregistré une hausse de l’espérance de vie e0 (0,07 ans).

L’espérance de vie e65 a quant à elle diminué dans le pays de 0,94 ans (soit 0,66 pour les femmes et 1,17 pour les hommes). L’espérance de vie e65 rejoint alors celle de 2012. L’État d’Amazonas est également le plus touché, avec une réduction de 3,14 ans en moyenne.

Dans l’ensemble, ces 2 indicateurs montrent que le nord du pays est plus touché au niveau mortalité que le sud. Les États du nord et du nord-est sont les plus inégalitaires et l’accès aux soins est plus compliqué. Pourtant, dans le nord-est, la diminution de l’espérance de vie est moindre que dans le nord car les gouverneurs de ces États ont pris des mesures de distanciation physique plus drastiques, à l’encontre des recommandations du Président brésilien.

Les chercheurs ont comparé les chiffres de la mortalité entre les hommes et les femmes et ont calculé une différence dans l’espérance de vie e0 de 0,6 an, en moyenne, démontrant que les hommes sont plus sensibles à la COVID-19 que les femmes. Enfin, pour l’année 2021, les scientifiques ont estimé une diminution moyenne de l’espérance de vie e0 de 1,78 an, au vu des 4 premiers mois de l’année, mais ce chiffre n’est qu’une estimation et pourrait être sous-estimé. Il n’est donc pas comparable aux données de l’année 2020.

La mortalité due à la COVID-19 au Brésil a bien été catastrophique. La vaccination a prouvé son efficacité pour diminuer le nombre de décès mais le Brésil est en retard. De plus, l’épidémie de COVID-19 a interrompu de nombreux soins dans le pays (réduction de 35% des diagnostics de cancers, interruption des traitements contre le VIH ou la tuberculose, par exemple). Cela pourrait faire encore diminuer l’espérance de vie brésilienne dans les prochaines années.

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