Fallait-il se relâcher pendant l’été ?

Après la 1^ère vague d’infection du printemps 2020, l’Europe a fait face à une reprise de l’épidémie de COVID-19 à la fin de l’été. Le nombre de nouvelles infections par le SARS-CoV-2 a alors augmenté rapidement, provoquant une 2^ème vague fin octobre. Cette vague a conduit les gouvernements à imposer, à nouveau, des mesures sanitaires drastiques. L’émergence de nouveaux variants, plus transmissibles, comme le variant Alpha anglais, a cependant compliqué les tentatives de contrôle de la pandémie. Des chercheurs belges, anglais et français (Rega Institute, KU Leuven, University of Southampton, Sorbonne Université de Paris) se sont demandé si l’émergence de ces nouveaux variants était à l’origine de la reprise de l’épidémie.

Ces chercheurs ont réalisé des analyses phylogéographiques, c’est-à-dire qu’ils ont retracé l’origine génétique des virus selon les lieux. Ils l’ont fait grâce aux données épidémiologiques provenant de 10 pays européens. Ils ont ainsi analysé près de 4 000 génomes des souches de SARS-CoV-2 ayant circulé entre le 29 janvier et le 30 octobre 2020. Le modèle qu’ils ont développé intègre de plus des paramètres épidémiologiques et de mobilité des personnes, grâce aux données du transport aérien international, de Google et de Facebook. Les scientifiques ont ainsi estimé que plus de la moitié des variants circulant dans ces pays à la fin de l’été 2020 sont apparus après le 15 juin. L’émergence de ces nouveaux variants s’est accompagnée d’une augmentation des nouvelles infections. Il semble donc clair que le relâchement des mesures sanitaires durant l’été 2020, et notamment la reprise des voyages, a fortement contribué à la reprise épidémique et à la 2^ème vague de l’automne.

Ainsi, la majorité des variants circulant à la fin de l’été 2020 a été disséminée en Europe durant l’été. Si la vaccination de la population est un espoir pour endiguer l’épidémie, la couverture vaccinale est cependant encore trop faible pour qu’un allégement des mesures sanitaires durant l’été 2021 n’entraîne pas nouvelle vague de contaminations à l’automne. Les mesures sanitaires, limitant la propagation du virus à travers le monde, restent les plus efficaces pour endiguer la pandémie.