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Le paradoxe de la COVID-19 en Inde

Au début du mois de février 2021, le nombre de cas de COVID-19 en Inde descendait en dessous de 10 000 par jour. Les politiques ont alors levé les restrictions sanitaires, permis les rassemblements et la population a commencé à moins porter le masque. Une partie des scientifiques indiens pensaient que l’immunité collective était atteinte et que le pire de l’épidémie était derrière eux. Jusqu’ici, même si des millions de personnes avaient été infectées par le SARS-CoV-2, le pays semblait avoir enregistré beaucoup moins de décès en comparaison des autres. Des hypothèses furent émises pour expliquer ce paradoxe : des facteurs environnementaux (comme le haut taux de vitamine D des indiens) ou le haut pourcentage de végétariens dans ce pays.

Mais, seulement quelques semaines plus tard, le dimanche 25 Avril 2021, l’Inde battait le record mondial du nombre de cas, soit 350 000 en une journée. Les hôpitaux furent submergés. Pourquoi cette augmentation soudaine du nombre de cas ? Le paradoxe du taux de mortalité bas en Inde est-il toujours d’actualité ?

Malgré certaines études réalisées au début de l’année 2021, qui démontraient que 50% de la population des grandes villes indiennes étaient immunisés, il semblerait finalement que ces résultats n’étaient pas représentatifs de la totalité de la population. L’augmentation rapide et soudaine du nombre de cas, à partir du mois de mars 2021, semble être due à plusieurs facteurs. Tout d’abord, l’apparition d’un variant indien qui semble plus infectieux. Il comporte 2 mutations dans la protéine Spike, L452R et E484Q, lui conférant une meilleure infectivité et potentiellement un échappement à l’immunité. Ensuite, le taux de vaccination de la population est bas. Enfin, les mesures sanitaires, mises en place en 2020, ont été largement relâchées avant le début de cette vague épidémique.

Des données épidémiologiques de qualité en Inde sont difficiles à obtenir : un grand pourcentage des personnes infectées est asymptomatique et la plupart de la population n’a pas accès au dépistage. De plus, la cause de la mort est notée sur seulement 20% des certificats de décès. Plusieurs études ont analysé des données provenant des 12 villes les plus peuplées du pays. Le taux de mortalité calculé est de 41 décès pour 100 000 habitants, largement inférieur à celui observé aux États-Unis avec 91 décès.

Cela peut s’expliquer du fait d’une population très jeune : 45% des Indiens ont moins de 19 ans et seulement 4% plus de 65 ans. Puisque le risque de décès de la COVID-19 est largement lié à l’âge, si une grande majorité de la population est très jeune, le taux de mortalité global sera plus faible si on le compare aux pays où la population est relativement âgée. Des chercheurs pensent aussi que des facteurs génétiques et environnementaux peuvent jouer un rôle dans cette faible mortalité.

Le variant indien du SARS-CoV-2 doit donc être surveillé de près, car il semble être un des facteurs expliquant cette augmentation rapide du nombre de cas en Inde, et il est maintenant présent dans 20 autres pays. Jusque-là, l’Inde semblait avoir un taux de mortalité plus faible que les autres pays, lié surtout à sa population très jeune. Ce paradoxe pourrait évoluer face à la vague d’infection dont le pays fait face ces dernières semaines, car les cas graves de la COVID-19 semblent frapper des populations plus jeunes et en bonne santé. Il faudra donc attendre la fin de la vague épidémique et des données épidémiologiques fiables pour confirmer ou infirmer cette hypothèse. 

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