Les maladies mentales sont un problème majeur de santé publique dans le monde entier depuis plusieurs décennies. Parmi ces différentes maladies, celles reconnues comme les plus handicapantes sont les troubles anxieux et la dépression. Ces maladies touchent aussi bien les hommes que les femmes de tout âge. Malgré de nombreuses actions pour lutter contre ces troubles, elles n’ont pas reculé depuis les années 1990.
La pandémie de COVID-19 n’a rien arrangé. Les mesures prises durant cette crise sanitaire pour lutter contre la propagation du virus ont fragilisé un peu plus les malades, mais ont également fait surgir des troubles mentaux chez des personnes jusqu’ici sans symptômes. Les confinements, le télétravail, la perte de revenus et la fermeture des écoles sont autant d’exemples de restrictions sociales et de perte des repères ayant des effets psychologiques délétères pour les personnes fragiles. Dans cette étude, des chercheurs australiens ont analysé l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les troubles anxieux et dépressifs en 2020 ainsi que sur leurs conséquences.
Pour cela, ces chercheurs ont analysé l’ensemble des articles scientifiques publiés entre le 1er janvier 2020 et le 31 janvier 2021 faisant référence aux troubles anxieux ou dépressifs. Ils ont ainsi examiné plus 1 600 articles, pour en sélectionner 46 concernant la dépression et 27 pour les troubles anxieux. Ils ont de plus sélectionné 11 études montrant la situation avant la pandémie.
La première observation faite par les scientifiques est que la mobilité humaine et le taux d’infection par le SARS-CoV-2 sont corrélés au nombre, à un moment donné, de troubles anxieux et dépressifs : la hausse du taux d’infection COVID-19 et des restrictions de circulation des hommes est associée à la hausse du nombre de cas des troubles mentaux. Avant la pandémie de COVID-19, la prévalence des dépressions majeures était de 2 470 cas pour 100 000 habitants, c’est-à-dire touchait environ 193 millions de personnes dans le monde. Durant la pandémie, elle a atteint 3 153 cas pour 100 000 habitants, soit 246 millions d’individus.
Les scientifiques ont estimé que plus de 53 millions de dépressions majeures en 2020 étaient dues aux effets de la crise sanitaire, ce qui représente une augmentation de plus de 27%. Concernant les troubles anxieux, ils étaient estimés à 3 825 cas pour 100 000 habitants avant la pandémie, soit 298 millions de personnes. Durant l’épidémie de COVID-19, la prévalence a augmenté à 4 802 cas pour 100 000 habitants, soit 374 millions d’individus. Cela représenterait plus de 76 millions de cas dus aux effets de la crise sanitaire, soit plus de 25% d’augmentation. Pour les deux types de troubles étudiés, les femmes sont plus atteintes que les hommes, et les jeunes plus que les personnes âgées. Durant cette crise car les femmes ont été plus touchées par les conséquences de la pandémie : salaires plus bas, emplois plus précaires, violences domestiques en hausse avec les confinements… De la même façon, les jeunes ont été plus touchés par les suites de la crise que les personnes âgées : fermeture des écoles et universités, restrictions sociales…
Les pays ayant été les plus touchés par la pandémie sont ceux où on a observé la plus forte augmentation des troubles anxieux et dépressifs. Ces troubles mentaux augmentent le risque d’autres maladies et de suicides. Ces conséquences pourront être étudiées dans de futures études. A ce jour, la pandémie de COVID-19 continue et l’impact global sur la santé mentale n’est pas encore connu.