Le SARS-CoV-2 provoque une infection des voies respiratoires supérieures menant à une pathologie respiratoire, voire à une défaillance multi-organique pouvant entraîner la mort. Ces pathologies sont a priori les conséquences d’une suractivation du système immunitaire, appelée orage cytokinique, plutôt que de l’infection par le virus lui-même. L’entrée d’un virus dans la cellule, dont le SARS-CoV-2, provoque de nombreux bouleversements, poussant la cellule à la senescence en réponse à ce stress. La sénescence est un processus biologique de vieillissement des cellules qui induit des modifications dans leur morphologie, l’expression de leurs gènes, leur métabolisme et qui leur confère une certaine résistante à la mort cellulaire programmée, ou apoptose. Des chercheurs berlinois et autrichiens ont évalué si cette sénescence participe à l’orage cytokinique à l’origine des cas graves de COVID-19.
Ces chercheurs ont tout d’abord testé les signes de la sénescence cellulaire induite par les virus grâce à un modèle in vitro. 5 jours après infection, ils ont observé que les cellules sécrètent un certain nombre de facteurs inflammatoires et de coagulation, marqueurs typiques de la sénescence. Les scientifiques ont ensuite évalué si ces facteurs sécrétés par les cellules sénescentes se retrouvent chez les patients infectés par le SARS-CoV-2. Ils ont analysé les tissus nasopharyngés et pulmonaires de patients décédés de la COVID-19. Ces marqueurs sont bien retrouvés dans le tractus respiratoire supérieur, participant au recrutement de cellules immunitaires dans le poumon, causant les dommages tissulaires pouvant conduire à la maladie respiratoire. Les cellules sénescentes pourraient donc être une cible thérapeutique pour lutter contre la COVID-19 et protéger des formes graves, comme d’autres études l’ont déjà démontré.
En effet, les sénolytiques sont une nouvelle classe de médicaments permettant l’élimination des cellules sénescentes. Pour déterminer l’impact de ce traitement, les chercheurs en ont testé certains chez les hamsters et les souris infectés par le SARS-CoV-2. Les sénolytiques en question réduisent de façon importante les facteurs pro-inflammatoires et pro-coagulants chez ces modèles animaux. Des essais encourageants chez l’homme montrent que ces traitements réduisent aussi les formes graves de la maladie.
En conclusion, les scientifiques ont montré que l’infection par le virus enclenche une réponse cellulaire sénescente. Cette réponse est associée à la production de facteurs inflammatoires et coagulants participant à la pathologie pulmonaire et à la défaillance multi-organique. Ces conséquences de la sénescence cellulaire semblent être réduites par les traitements sénolytiques, mais des essais cliniques sont toujours en cours.