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Vulgarisation scientifique des avancées de la recherche sur la COVID-19

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SOS amitié : baromètre de la santé mentale pendant la crise COVID-19 ?

L’état de santé mentale d’une population est difficile à mesurer. C’est pourtant un paramètre important en temps de crise. Mais comme il est difficile à cerner, on aura tendance à le négliger au profit d’aspects plus facilement quantifiables. Des chercheurs suisses et allemands ont cependant analysé la santé mentale de la population durant la crise liée à la COVID-19, en établissant des liens avec les vagues d’infections et les mesures sanitaires mises en place.

Pour cela, les chercheurs ont utilisé les données de l’assistance téléphonique en collectant 8 millions d’appels provenant de 23 plateformes de 14 pays européens, des États-Unis, de la Chine, de Hong-Kong, d’Israël et du Liban entre 2019 et début 2021. Ces plateformes téléphoniques ont pour but de protéger la santé mentale et de prévenir les suicides, comme SOS amitié en France. Elles offrent une écoute et une aide immédiate, sont anonymes et facilement accessibles.

Le 1er constat des scientifiques est que le nombre d’appels a augmenté durant l’épidémie, le pic étant atteint au bout de 6 semaines. Après, le niveau descend graduellement, mais reste supérieur au niveau d’avant crise. Il faut tout de même noter que ces chiffres sont contraints par les capacités des plateformes car les appels sans réponses ne sont pas comptabilisés. Les principales raisons d’appels avant la pandémie étaient les relations de couple, la solitude et diverses peurs et angoisses. L’analyse montre que la composition des appels a changé durant la 1ère vague épidémique : la catégorie peurs et angoisses, incluant la peur de l’infection par le SARS-CoV-2, a largement augmenté, ainsi que la solitude, au détriment des relations de couple, des problèmes financiers et de la violence domestique. Mais, d’autres paramètres peuvent biaiser ces demandes : il est par exemple compliqué d’appeler pour violences conjugales lorsqu’on est confiné.

Comment ont ensuite évolué ces appels ? Leur nombre a augmenté de nouveau après l’été 2020, correspondant à des reprises épidémiques et aux restrictions sanitaires plus drastiques. Les scientifiques ont fait le lien avec le durcissement des mesures sanitaires. A l’inverse, la mise en place de mesures de soutien financier a entraîné une diminution de ces appels.

En conclusion, dans un contexte de crise sanitaire, les mesures mises en place peuvent exacerber le mal-être, les maladies mentales et le nombre de suicides. Il est important de pouvoir mesurer la santé mentale d’une population. Les auteurs de cette étude montrent que les données issues des plateformes d’assistance téléphonique peuvent être un bon indicateur mais qu’elles ne peuvent se substituer à d’autres paramètres telles que les données cliniques.

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