La Chine et les Etats-Unis devraient collaborer davantage

Au cours des quatre dernières années, les relations entre la Chine et les Etats-Unis se sont tendues pour des raisons principalement économiques et sécuritaires. Depuis le début de la pandémie de SARS-CoV-2, ces tensions se sont accentuées, notamment sur la question de l’origine du virus et l’échange d’informations. Pourtant, une collaboration forte entre ces deux pays est essentielle pour la lutte globale contre la COVID-19.

Par le passé, les collaborations entre la Chine et les Etats-Unis ont été fructueuses dans le domaine de la santé. Depuis les années 1980, de nombreux partenariats scientifiques ont vu le jour dans les domaines de la santé publique, de la recherche biomédicale et de l’éducation. Des « taskforces » en ont pris l’initiative, équipes composées du CDC (Centers for Disease Control and prevention), du NIH (National Institutes of Health), et d’académiciens et de politiciens des deux pays. Ces partenariats ont abouti par exemple à des politiques de développement de l’acide folique (vitamine B9 qui joue un rôle indispensable pendant la grossesse) aux USA, à la création d’un « CDC chinois » (aujourd’hui principale agence de santé publique), à des programmes de prévention contre la tuberculose en Chine et à de fréquents échanges d’étudiants (notamment à Harvard et Yale). Ils ont aussi permis à la Chine d’être plus réactive face aux épidémies de SARS-CoV, de grippe aviaire, et de COVID-19. Outre, le rôle important des agences gouvernementales des deux pays, les fondations privées à but non-lucratif ont aussi joué un rôle important dans ces échanges (China Medical Board, fondation Bill & Melinda Gates).

Les différences politiques et économiques de deux pays entravent cependant ces échanges et des solutions à long terme doivent être trouvées pour maintenir le dialogue. Le CDC chinois a vu ses effectifs réduits, les étudiants chinois subissent des pressions croissantes aux USA et les dialogues virtuels en période pandémique n’arrangent pas les choses. Pourtant, les deux pays ont de nombreux défis de santé publique communs : population vieillissante, démographie urbaine galopante, dégradation de l’environnement et du climat, besoins énergétiques croissants, incidence forte de maladies non-transmissibles (cigarette, mauvaise alimentation, manque d’activité physique, diabète, maladies cardiovasculaires…), mais aussi dépendance aux opiacées. Ces défis, en plus des épidémies, peuvent rapidement surcharger certains pays plus fragiles.

Pour pouvoir les aider au mieux, la Chine et les Etats-Unis doivent d’abord collaborer en mettant à profit leurs forces respectives : les Etats-Unis sont plus engagés dans la santé mondiale et ont donc plus d’expérience, tandis que la Chine permet d’atteindre des paramètres géopolitiques inaccessibles aux Etats-Unis et peut mettre à disposition une logistique et une main d’œuvre conséquente.

Mais la pandémie actuelle nous prouve que les collaborations, le partage d’informations, la transparence et la communication doivent avant tout être globales. La Chine et les Etats-Unis doivent investir ensemble dans l’innovation pour la santé afin d’étendre à tous l’accès aux médicaments. Le gouvernement Biden pourrait bien calmer les tensions actuelles : il vient de confirmer la participation des Etats-Unis à l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et a accepté de collaborer au programme COVAX (COVID-19 Vaccine Global Access) pour aider, avec la Chine et l’OMS, les pays aux ressources financières limitées à lutter contre la COVID-19. Même s’il demeure de nombreux désaccords, l’expérience a prouvé que ces pays peuvent travailler ensemble efficacement dans les domaines de la santé et la médecine.