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Vulgarisation scientifique des avancées de la recherche sur la COVID-19

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Quand administrer les doses de vaccin ?

Dans la pandémie de SARS-CoV-2, l’accès à des vaccins sûrs et efficaces est une condition-clef pour diminuer la sévérité de la maladie et limiter sa propagation. Onze vaccins ont déjà été autorisés par au moins un pays. Les trois principaux restent les 2 vaccins ARNm de Pfizer-BioNTech et Moderna, approuvés respectivement dans 60 et 38 pays, et le vaccin à vecteur d’adénovirus d’Oxford-AstraZeneca. Ces 3 vaccins présentent entre 62 et 90% d’efficacité, dans les études cliniques, selon les doses et sont tous administrés en 2 doses espacées de 21 à 28 jours.

Certains pays, comme le Canada ou le Royaume-Uni, ont choisi de retarder l’administration de la seconde dose, à cause de contraintes logistiques ou dans le but d’augmenter le nombre de primo-vaccinés. Seuls des essais cliniques portant sur le vaccin Oxford-AstraZeneca ont inclus différents intervalles entre les 2 doses, sur un délai maximum de 3 mois. Mais l’efficacité, la durée de protection de ces vaccins selon le délai entre les 2 doses et les conséquences sur l’immunité collective ne sont pas connues. Une étude internationale (américaine, anglaise, australienne et canadienne) vient de modéliser l’évolution épidémiologique de la pandémie de SARS-CoV-2 en fonction de l’administration d’une ou de deux doses de vaccin, démontrant que l’évolution à long terme pouvait être variable selon l’efficacité de la première dose.

Pour cela, ces chercheurs ont tenu compte de l’acquisition d’une immunité naturelle après une infection par le SARS-CoV-2, immunité protectrice qui se réduit au fur et à mesure du temps. Ils ont intégré dans ce modèle deux classes de personnes vaccinées, soit par une seule dose, soit par deux. Même si les pays qui allongent le délai entre les 2 n’envisagent pas l’administration d’une dose unique, cette condition est choisie comme cas extrême. Dans leur modélisation, ces chercheurs ont estimé un taux de vaccination relativement optimiste avec 2% de la population recevant une première dose de vaccin par semaine. Ils ont ainsi montré que l’efficacité du nombre de doses dépend grandement de l’impact et de la durée de protection de la première. En effet, distribuer à une part plus large de la population une première dose du vaccin permet de réduire à court terme le taux de transmission et les cas graves de la COVID-19. Néanmoins, dans un scénario plus pessimiste, où l’efficacité de la première dose est faible, ces bénéfices à court terme peuvent rapidement disparaître. Cela peut-être évité en administrant une seconde dose peu après.

Avec l’émergence de nombreux variants ces derniers mois, les scientifiques ont voulu étudier l’échappement immunitaire qu’il soit naturel ou vaccinal à long terme. Plus un virus se réplique dans un environnement où la pression de sélection est forte, plus le risque d’émergence de nouveaux variants est important. Lorsque le taux de vaccination est bas, les conséquences épidémiologiques sont fortes et cette faible couverture vaccinale peut favoriser l’apparition de variants. Il est donc essentiel de s’assurer d’une certaine équité dans la distribution et le déploiement de la vaccination à travers le monde.

Finalement, la stratégie la plus intéressante pourrait être de vacciner le plus grand nombre de personnes rapidement avec une dose, puis d’administrer une seconde dose comme le recommande le fabricant, mais ce délai ne doit pas être trop important. Il est en tout cas nécessaire de surveiller l’efficacité et la durée de protection de la première dose, car plus elle sera efficace, plus le délai entre l’administration des deux doses pourra être rallongé.

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