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Les vaccins face aux variants

En août 2021, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a désigné 4 variants préoccupants (Variants of Concern, VOC) : Alpha/anglais, Bêta/sud-africain, Gamma/brésilien et Delta/indien. Ce classement est fondé sur leur efficacité de transmission, d’échappement immun ou de virulence. Parmi les 21 vaccins autorisés d’urgence dans divers pays, 6 ont été approuvés par au moins un pays membre de l’OMS : Pfizer/BioNTech et Moderna (ARN), Astrazeneca/Oxford et Johnson & Johnson/Janssen (vecteurs viraux), Novavax (Spike recombinant) et Sinovac et Sinopharm (virus inactivés). Il est difficile de comparer leur efficacité respective face aux 4 VOC car les conditions expérimentales peuvent varier selon les essais cliniques. L’efficacité vaccinale repose principalement sur leur capacité à induire des anticorps neutralisants (qui bloquent l’entrée virale), des réponses cellulaires croisées et à protéger efficacement en conditions réelles.

Les vaccins ciblant uniquement Spike induisent le développement de nombreux anticorps neutralisants dirigés contre plusieurs domaines de la protéine. Certaines mutations précises, comme E484K et N501Y, présentes chez Bêta et Gamma, réduisent le potentiel de neutralisation, principalement évalué in vitro, des anticorps ciblant ces domaines. Mais les nombreux autres anticorps neutralisants induits et ciblant d’autres domaines permettent aux vaccins de garder une certaine efficacité.

La diminution de l’activité neutralisante in vitro ne signifie pas forcément que le vaccin soit inefficace car il continue de limiter les cas sévères. Les vaccins Moderna, Astrazeneca et Pfizer induisent suffisamment d’anticorps pour protéger pendant au moins 6 à 8 mois ou peut-être davantage contre Bêta, Gamma, Iota ou Epsilon. De plus, l’immunité cellulaire T et les anticorps non-neutralisants contribuent fortement à la protection et leur efficacité semble moins affectée par les mutations de Spike : Alpha et Bêta n’échappent pas à l’immunité cellulaire induite par les vaccins. Après 2 doses, les vaccins protègent des cas sévères provoqués par les variants (voir tableau), même si les efficacités de neutralisation d’Astrazeneca, Moderna et Novavax chutent face au Delta. Cette protection devrait être conservée contre de futurs variants, même si le taux d’anticorps neutralisants circulants a chuté avec le temps. En revanche, la protection contre les infections et la transmission est réduite lorsque les variants sont très transmissibles (Delta), exposant les individus vaccinés à plus de risques.

L’immunité naturelle de la population augmente à mesure des infections, poussant le virus à évoluer par échappement. En revanche, c’est moins vrai pour l’immunité induite par la vaccination anti-Spike, puisqu’elle réduit les possibilités d’échappement en ne ciblant qu’une seule protéine. De plus, certaines études montrent que la transmission de nouveaux variants est limitée chez les individus sains, contrairement aux individus immunodéprimés. Astrazeneca et Moderna testent actuellement leurs vaccins adaptés à Bêta, et les premiers résultats suggèrent qu’ils seraient plus efficaces contre les autres variants.

Le SARS-CoV-2 nous a surpris par sa capacité à générer rapidement des variants avec des propriétés modifiées. Ces variants restent, à ce jour, sensibles à notre immunité induite naturellement ou par vaccination. Même s’il faut surveiller avec vigilance les nouvelles mutations qui vont inévitablement permettre au SARS-CoV-2 de s’adapter, les vaccins vont significativement réduire le fardeau mondial de la COVID-19.

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