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Vulgarisation scientifique des avancées de la recherche sur la COVID-19

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Les innombrables orphelins de la COVID-19

Au cours de la pandémie COVID-19, nous avons donné la priorité à la prévention, la détection et la réponse à l’infection. Si ce sont les adultes qui risquent principalement de mourir du SARS-CoV-2, un fait a pourtant été négligé : la perte des parents ou des grands-parents peut avoir de lourdes conséquences pour les enfants. De nombreuses études, reposant notamment sur d’autres épidémies, montrent qu’ils sont alors exposés à la pauvreté, aux retards de développement, aux problèmes de santé mentale, ou aux abus de nature physique, émotionnelle ou sexuelle (UNICEF). Le risque de suicide est alors plus grand, tout comme les grossesses, les mariages précoces, ou diverses infections. Aucune donnée quantifiable n’est toutefois disponible à ce sujet.

C’est pourquoi des chercheurs américains du Center for Disease Control (CDC, Atlanta) ont coordonné une étude avec plusieurs centres de recherche dans le monde afin d’estimer le nombre d’enfants de moins de 18 ans ayant perdu des parents et grands-parents pendant la pandémie COVID-19. Pour cela, dans 21 pays, ils ont modélisé les données (mortalité, fertilité, taille et organisation de la famille, habitudes culturelles, genre, âge, membre de la famille décédé, mortalité indirecte, accès aux soins) en appliquant une méthode déjà éprouvée avec le VIH. Le modèle inclut 76% de la totalité de décès dûs à la COVID-19.

On estime qu’entre le 1er mars 2020 et le 30 avril 2021, 1 134 000 enfants ont perdu au moins un parent (dont environ 100 000 les deux) ou un grand-parent qui en avait la garde. Si on ajoute les grands-parents ou proches qui vivaient à la maison et apportaient du soutien, ce chiffre s’élève à 1,5 million. Les conséquences sont catastrophiques puisqu’environ 23% des enfants de cette étude sont issus de familles monoparentales.

De plus, les grands-parents, plus vulnérables à la COVID-19, apportent très souvent un soutien psychologique, pratique, éducatif et financier aux petits-enfants. Les orphelins déjà élevés par leurs grands-parents encourent donc un second traumatisme. Les pays les plus touchés sont le Pérou (1,2 enfant sur 100 a perdu un parent ou grand-parent l’élevant), l’Afrique du Sud (5,1 sur 1000), le Mexique (3,5 sur 1000), le Brésil (2,4 sur 1000), la Colombie (2,3 sur 1000), l’Iran (1,7 sur 1000), les Etats-Unis (1,5 sur 1000), l’Argentine (1,1 sur 1000) et la Russie (1 sur 1000). Dans tous ces pays, les enfants perdent 5 fois plus souvent leur père que leur mère, accentuant leur vulnérabilité économique.

Dans le but d’informer et d’orienter les actions à mener, cette étude pointe pour la première fois le fait que les enfants orphelins représentent un mal caché dans la pandémie COVID-19. Selon les auteurs, il faut à tout prix éviter l’institutionnalisation des enfants touchés et favoriser la prise en charge par les proches, les familles d’accueil et l’adoption. Il est donc urgent de leur apporter un soutien psychosocial, éducatif, sanitaire, législatif et financier, ce qui demande des ressources conséquentes. La majorité des enfants ont un parent survivant qui doit aussi être soutenu en priorité. Les programmes INSPIRE et DREAMS (World Health Organization, CDC, UNICEF, US Agency for International Development, et autres partenaires) ont soutenu et sauvé des millions d’enfants orphelins, notamment dans le cadre du VIH, et pourraient servir de modèle et mettre à profit leur expérience et leur logistique.

Ces conséquences risquent de s’aggraver avec les nouveaux variants ou lorsque l’accès aux vaccins est restreint. Il faut renforcer la vaccination globale car certaines études prévoient que l’immunité collective ne sera pas atteinte avant 4 ans dans de nombreux pays. Le nombre de décès continuant d’évoluer exponentiellement, cette maladie sociale ne peut que s’aggraver.

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