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Les différentes cellules-mémoires contre le SARS-CoV-2

Dans les phases précoces de l’infection par le SARS-CoV-2, nous développons majoritairement des anticorps dirigés contre la protéine N (Nucléocapside, organisation du génome viral) et S (Spike, responsable de l’attachement du virus à la cellule). Certains sont neutralisants, c’est-à-dire qu’ils ciblent Spike et bloquent son interaction avec le récepteur cellulaire. Ces anticorps sont produits par les cellules B spécifiques du virus. Lors de la primo-infection, les cellules B sanguines naïves, n’ayant jamais rencontré de pathogènes, sont activées par la présence du virus. Elles se dirigent alors vers les centres germinatifs (rate, ganglions lymphatiques) pour se développer et subir des mutations qui vont améliorer leur efficacité contre le virus. Finalement, elles se différencient soit en cellules productrices d’anticorps qui retournent dans la circulation mais à vie brève, soit en cellules B-mémoires qui peuvent parfois durer toute la vie.

L’immunité à long terme repose principalement sur les cellules B-mémoires (MBC) qui peuvent, suite à un nouveau contact avec le virus, produire des cellules B à vie brève mais aussi des MBC, ce qui permet de garder le pool intact. Ce processus se fait principalement hors des centres germinatifs (activation extrafolliculaire), mais ces MBC peuvent aussi s’adapter à de nouveaux variants si nécessaire. Concernant la réponse au COVID-19, la question de la protection à long terme est encore sujette à débat car beaucoup d’études sont contradictoires. Par exemple, certaines études suggèrent qu’il n’existe pas de réponse anticorps durable contre les coronavirus saisonniers. D’autres suggèrent que dans les cas sévères, le fonctionnement des centres germinatifs est altéré, ce qui bloquerait la production de MBC.

La connaissance de la longévité et de la fonctionnalité des MBC est cruciale pour savoir si une infection naturelle ou une vaccination protègent à long terme. Pour approfondir ce point, des équipes françaises (Hôpitaux Necker de Paris et Henri Mondor de Créteil) ont réalisé un suivi longitudinal de 6 mois des MBC anti-Spike sur deux cohortes distinctes de patients COVID-19, modérés (18 sujets, personnel hospitalier) et sévères (21 sujets, sous oxygène). Les chercheurs ont réalisé un travail colossal en utilisant des approches classiques combinées (RT-PCR, ELISA, cytométrie de flux et tri cellulaire, séquençage, tests de neutralisation). De plus, ils ont réalisé des analyses à l’échelle de la cellule unique afin de caractériser avec précision les populations de cellules B et les séquences des anticorps qu’elles expriment.

Ils ont montré que la population de MBC anti-Spike est remarquablement stable sur plus de 6 mois et qu’elle était bien issue des cellules naïves activées par le SARS-CoV-2. Chez ces patients, les centres germinatifs sont pleinement actifs, ce qui laisse présager une production de MBC à longue vie. Cette population était même en pleine expansion chez les patients sévères. Ce qui est intéressant, c’est que les chercheurs ont caractérisé deux populations distinctes de MBC : une spécifique au SARS-CoV-2 actuel, issue d’une maturation dans les centres germinatifs ; et l’autre préexistante, qui avait subi de nombreuses mutations et était issue de précédentes infection par des coronavirus communs. Cette dernière permet une réactivité croisée entre les coronavirus communs et le SARS-CoV-2, en ciblant probablement des domaines conservés de Spike.

Mais cette population chute entre 3 et 6 mois après l’infection par le SARS-CoV-2, probablement par manque de sollicitations. On peut noter que plus la pathologie est sévère, plus la réponse-mémoire est forte et stable. Ces chercheurs pensent, comme d’autres études le suggèrent aussi, que ces cellules restent actives par la persistance de protéines virales dans certaines zones.

C’est ce qu’on peut représenter schématiquement ainsi :

Cette étude montre donc que dans la majorité des cas non critiques, l’infection par le SARS-CoV-2 peut provoquer une réponse des anticorps immédiate et possiblement protectrice grâce aux précédentes infections par des coronavirus saisonniers. Ensuite, une maturation continue des cellules B-mémoires s’opère dans les centres germinatifs, ce qui produit des anticorps neutralisants de plus en plus efficaces à long terme.

Ce constat est très positif au regard des campagnes de vaccinations actuelles. Mais ces résultats doivent être confirmés sur des cohortes plus importantes où les données d’âge et de comorbidités ainsi que les cas asymptomatiques seraient pris en compte. La durée de protection à plus long terme reste encore à définir.

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