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Vulgarisation scientifique des avancées de la recherche sur la COVID-19

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L’efficacité du vaccin dépend-elle du taux d’anticorps ?

Pour lutter contre la pandémie de COVID-19, il est crucial de disposer d’un arsenal varié de vaccins sûrs et efficaces. En effet, la demande globale est importante et les prix doivent être abordables pour une distribution mondiale homogène. De plus, on manque de données d’efficacité pour certaines populations (femmes enceintes, enfants, personnes immunodéprimées ou maladies auto-immunes), et des variants plus transmissibles émergent régulièrement. Dans la recherche de vaccins, les corrélats de protection (marqueurs immunologiques qui prédisent l’efficacité du vaccin) sont très recherchés. Les anticorps ont souvent joué ce rôle pour plusieurs maladies virales.

C’est une équipe américaine mutidisciplinaire (Moderna, Cambridge ; Centre de Recherche Fred Hutchinson, Seattle ; Gouvernement Américain ; NIH, Bethesda ; Consortium d’Universités) qui a évalué l’efficacité du vaccin Moderna à 94% au cours de l’essai de phase 3 COVE et qui a permis sa distribution. En parallèle, ils ont tenté d’établir si les taux d’anticorps sanguins pouvaient servir de corrélat de protection. Pour cela, ils ont évalué les niveaux sanguins d’anticorps anti-Spike, anti-RBD et neutralisants, juste après la 2nde injection et 4 semaines après (jours 29 et 57). Au jour 57, tous les participants ont développé des anticorps anti-Spike et RBD, dont 82% à des niveaux satisfaisants, qui neutralisent 50% du virus (ce qu’on exprime par un ID50). Les niveaux d’anticorps anti-Spike ou anti-RBD sont donc liés aux niveaux d’anticorps neutralisants.

Les chercheurs ont mesuré ensuite le risque de développer la COVID-19 sur une période de 4 mois (plus précisément par une infection naturelle par la souche d’origine). Les analyses statistiques montrent que plus le taux d’anticorps augmente (neutralisants ou anti-Spike), moins les patients ont de risques d’être malades. Ainsi,  plus le taux d’anticorps est haut, plus le vaccin est efficace. Pour les 10% d’individus qui ont développé le plus d’anticorps, il y a en effet 10 fois moins de risques. L’action des anticorps neutralisants compte pour 2/3 de l’efficacité du vaccin.

Ce travail établit clairement que le taux d’anticorps neutralisants induit par un vaccin constitue un marqueur immunologique de choix pour évaluer son efficacité et permettre sa distribution. La protection n’est pas nulle en deçà d’un certain taux d’anticorps de référence, mais il faut plutôt considérer qu’une augmentation continue de ces taux diminue progressivement le risque de COVID-19.

Cette étude comporte toutefois plusieurs limites : cette conclusion est-elle valable face aux variants ? Est-ce que le taux d’anticorps est pertinent quel que soit le taux de virus chez les patients ? Cette étude de plus n’a pas porté sur le rôle de l’immunité cellulaire. Cependant, certains essais à court terme (comme sur les enfants, la modification de doses, la 3ème dose, etc.) pourraient comparer les taux d’anticorps induits aux valeurs indiquées dans cette étude. C’est peut-être moins vrai pour d’autres enquêtes où il faudra être plus prudent et s’appuyer sur d’autres références, comme évaluer la protection à long terme, tester un nouveau vaccin produit sur la même plateforme, ou modifier Spike dans un même vaccin. Les participants de cette étude seront donc suivis sur 2 ans pour évaluer la protection vaccinale à long terme, la baisse du taux d’anticorps, ou la protection contre de nouveaux variants.

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