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Vulgarisation scientifique des avancées de la recherche sur la COVID-19

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Le variant sud-africain résisterait davantage aux vaccins

C’est par un énorme investissement qu’on a pu développer des vaccins contre la COVID-19. Quatre sont aujourd’hui commercialisés en Europe : Pfizer-BioNTech, Moderna, Oxford-AstraZeneca et Janssen. Tous ont été développés pour provoquer une réponse anticorps et lymphocyte T dirigée contre la protéine de surface Spike (S) de la souche virale d’origine (Wuhan). Ces derniers mois, de nouveaux variants ont cependant émergé, notamment anglais, sud-africain et brésilien, qui comportent respectivement 9, 10 et 12 mutations dans la protéine S. Une région de la protéine S, le domaine RBD, est particulièrement surveillée : elle est en effet en contact avec le récepteur cellulaire ACE2 permettant l’entrée de la particule virale dans la cellule.

Dans ce domaine, les variants brésilien et sud-africain partagent 3 sites de mutation : K417N (sud-africain) ou T (brésilien), E484K et N501Y. Le variant anglais possède quant à lui uniquement la mutation N501Y. Cette région RBD est la cible principale des anticorps neutralisants. Des mutations dans ce domaine peuvent donc conduire à un échappement aux anticorps. Des chercheurs de l’Université d’Oxford ont analysé la neutralisation du variant brésilien par les anticorps dirigés contre la souche d’origine de Wuhan. Ils viennent de montrer qu’il est moins résistant à la vaccination que le variant sud-africain.

Ces chercheurs ont tout d’abord mesuré l’efficacité d’interaction entre le domaine RBD et le récepteur ACE2 du variant anglais (N501Y) et des variants sud-africain et brésilien (K417N ou T, E484K et N501Y) en les comparant à la souche d’origine. En effet, une meilleure affinité pour le récepteur cellulaire peut engendrer une plus grande transmissibilité du virus et donc permettre à ces variants de devenir dominants. Ils ont ainsi observé que l’interaction était 7 fois plus élevée pour le variant anglais et 19 fois plus élevée pour les variants sud-africain et brésilien.

Ces chercheurs ont ensuite testé l’efficacité d’interaction et le potentiel de neutralisation de 20 anticorps monoclonaux (bloquant l’interaction entre le domaine RBD et le récepteur ACE2). Un seul anticorps (mAb 222) reste efficace contre les 3 variants, alors que les 19 autres sont moins efficaces, surtout contre les sud-africain et brésilien. Ils ont réalisé ces mêmes tests avec des anticorps thérapeutiques développés contre le SARS-CoV-2. Dans l’ensemble, la neutralisation par ces anticorps est réduite pour le variant anglais, et quasiment nulle pour les variants sud-africain et brésilien.

Ces scientifiques ont également réalisé des tests de neutralisation à partir du plasma de patients ayant été infecté par la souche d’origine et contenant des anticorps. Il apparaît alors que le variant brésilien est 3 fois moins bien neutralisé que la souche d’origine.

Pour finir, ils ont réalisé ces tests de neutralisation avec le sérum de patients immunisés avec le vaccin Pfizer-BioNTech ou Oxford-AstraZeneca. Le variant brésilien, comme le variant anglais, semble avoir une réduction de la neutralisation de 2,6 et 2,9 fois (Pfzer-BioNTech et Oxford-AstraZeneca) par rapport à la souche d’origine. En revanche, le variant sud-africain a une neutralisation beaucoup plus réduite (de 7,6 et 9 fois).

En conclusion, le variant brésilien semble échapper à un grand nombre d’anticorps monoclonaux neutralisants, mais il est moins résistant que le variant sud-africain face aux anticorps produits avec les vaccins. L’émergence récente d’un certain nombre de variants du SARS-CoV-2 appelle donc de nouveaux vaccins.

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