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Vulgarisation scientifique des avancées de la recherche sur la COVID-19

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Le plus puissant des anticorps

Le but d’une récente étude a été d’identifier les anticorps les plus efficaces pour répondre au besoin de thérapie rapide face à la multiplication des variants.

En effet, en plus de l’impact humain de la crise de la COVID-19, qui a déjà coûté la vie de plus de 2 millions de personnes, l’impact économique est considérable. Selon une estimation, elle aurait déjà coûté plus de 16 trillions de dollars à l’économie américaine. Il est donc nécessaire et urgent de trouver des thérapeutiques sûres et efficaces contre la COVID-19.

Les vaccins sont une réponse contre cette crise et plusieurs sont déjà sur le marché. Toutefois, l’apparition récente de variants du SARS-CoV-2 pourrait réduire fortement leur efficacité. Les variants sont nombreux, anglais, sud-africain, brésilien ou japonais, ce qui rend le développement de thérapies urgent.

Les anticorps monoclonaux humains (mAbs) sont une option intéressante car ils peuvent être développés dans un délai court, généralement, plus rapidement que les autres médicaments ou vaccins. Plus de 50 mAbs sont, aujourd’hui, commercialisés et donc sûrs, pour traiter certains cancers, maladies inflammatoires ou auto-immunes. Depuis le début de la pandémie, différents mAbs ont été développés contre le SARS-CoV-2, généralement isolés à partir de sérum de patients guéris d’une infection. Certains d’entre eux sont en essais cliniques de phase 2 ou 3 et ont même reçu l’autorisation de mise sur le marché de la FDA (autorité de santé américaine). Tous ces mAbs neutralisent l’infection par le SARS-CoV-2 en se liant à la protéine de surface Spike (S) du virus.

Est-ce sans risque ?

Pour les rendre efficaces, il est nécessaire de les utiliser à haute dose, ce qui engendre un coût colossal. Pour éviter cela, il est donc important de développer des anticorps extrêmement puissants, pouvant être utilisés à faible dose. De plus, il se pourrait que ces anticorps aient un effet facilitant l’infection, en augmentant l’entrée des particules virales dans les cellules, comme cela a pu être observé pour le virus de la dengue, par exemple.

Le but d’une récente étude a été d’isoler un anticorps extrêmement puissant à partir de sérums de patients guéris de la COVID-19. Pour cela, des chercheurs italiens ont isolé des lymphocytes B-mémoires de 14 patients infectés par le SARS-CoV-2 afin d’identifier 1731 mAbs spécifiques de la protéine S du virus (10% des lymphocytes B totaux). Ils ont trié in vitro tous ces anticorps et la plupart ont un faible potentiel de neutralisation. Environ 1% possède un potentiel de neutralisation important, mais seulement 3 anticorps apparaissent assez puissants pour être utilisés à faible dose. Les chercheurs ont optimisé ces 3 anticorps par génie génétique afin d’accroître leur durée de vie et d’éviter le risque que ces anticorps facilitent l’infection. Pour cela, 5 mutations ont été introduites dans les gènes codant pour ces anticorps.

C’est ce qu’on peut représenter schématiquement ainsi :

Ces anticorps modifiés ont ensuite été testés pour confirmer leur liaison spécifique à la protéine S du SARS-CoV-2 et leur potentiel de neutralisation vis-à-vis de la souche d’origine du SARS-CoV-2, mais aussi des variants du virus. Un de ces 3 anticorps a montré un potentiel de neutralisation extrêmement haut, notamment pour la souche d’origine, mais aussi pour le variant anglais du virus, et les variants possédant la mutation E484K (sud-africain et brésilien). On a testé les effets prophylactiques et thérapeutiques de cet anticorps et on les a confirmés par injection intra-nasale sur des hamsters, modèles d’infection pour la COVID-19, avant ou après infection par le SARS-COV-2.

C’est ce qu’on peut représenter schématiquement ainsi :

En conclusion, cette étude a permis de découvrir et améliorer un mAb hautement neutralisant contre la protéine S du SARS-CoV-2. Cet anticorps semble posséder une bonne efficacité prophylactique et thérapeutique contre le virus d’origine, mais aussi contre les variants anglais, sud-africain et brésilien. Toutefois, ces tests ont été menés chez un organisme-modèle, le hamster, et devront donc être confirmés chez l’homme.

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