News

COVID-19.info

Vulgarisation scientifique des avancées de la recherche sur la COVID-19

Site développé par 100pour100 MEDECINE

La résistance d’Omicron justifie de nouveaux vaccins

L’apparition des variants préoccupants (Variants Of Concern, VOC), dotés de capacités accrues de transmission et d’échappement immunitaire, remettent en question l’efficacité des vaccins actuellement déployés. Plusieurs études ont montré que ces propriétés reposent sur des mutations de Spike qui régit l’entrée du virus. Récemment identifié en Afrique du Sud, le variant Omicron porte beaucoup plus de mutations que les autres VOC et pourrait bien supplanter Delta, qui domine actuellement la pandémie. Ce changement suggère une évolution indépendante de cette souche qui pourrait être issue d’une population isolée, immunodéprimée, ou d’un réservoir animal inconnu. Omicron semble infecter plus facilement les individus convalescents ou vaccinés que les précédents variants. Mais ses propriétés sont encore peu connues.

Des chercheurs allemands de l’université de Göttingen ont évalué la capacité de Spike d’Omicron à échapper aux anticorps neutralisants induits par une infection naturelle ou par la vaccination avec Pfizer-BioNTech. L’analyse des séquences déposées dans la base de données GISAID révèle 37 mutations dans Spike en comparaison de la souche d’origine de Wuhan. 13 mutations sont uniques, on retrouve les autres chez d’autres variants. 2 sont situées dans le NTD (N terminal domain), 4 dans le RBD (Receptor Binding Domain, RBD, qui lie le récepteur ACE2), 2 entre le RBD et le domaine S1/S2 et 5 dans S2.

Des tests in vitro montrent que le Spike d’Omicron se lie à ACE2 et infecte efficacement les cellules humaines qui l’expriment. En revanche, son tropisme (l’ensemble des cellules ciblées) montre des différences avec la souche de Wuhan : pour entrer dans la cellule, il a besoin de la protéase cathepsine L, mais non de la protéase TMPRSS2. Il est aussi capable d’utiliser ACE2 de plusieurs animaux (surtout des souris et des chauves-souris rhinolophes) indiquant un haut potentiel zoonotique.

Omicron s’avère résistant aux anticorps neutralisants thérapeutiques REGN-COV2 (Regeneron), Etesevimab et Bamlanivimab (Eli Lilly), contrairement à la souche d’origine qui y est très sensible. Seul le Sotrovimab (GlaxoSmithKline) se montre efficace : il n’entre pas en compétition pour la liaison à ACE2 et neutralise de nombreuses souches de sarbecovirus.

Plus précisément, la résistance d’Omicron dépend du type de patient et du schéma vaccinal. Ainsi Omicron est 80 fois plus résistant que la souche d’origine à la neutralisation par les anticorps de patients convalescents (17 testés durant la première vague) et 44 fois plus résistant que Delta (9 prélèvements sont complètement inefficaces). Mais chez des patients ayant reçu 2 doses de Pfizer-BioNTech, il se montre 34 fois plus résistant que la souche d’origine et 12 fois plus résistant que Delta. Or, si les patients ont reçu une dose d’Astrazeneca et une dose de Pfizer-BioNTech, Omicron est alors 14 fois plus résistant que la souche d’origine et 3 fois plus résistant que Delta. Et après 3 doses de Pfizer-BioNTech, il est 8 fois plus résistant que Wuhan et 2 fois plus que Delta. Les prélèvements ont été collectés entre 1 et 3 mois après les injections.

Omicron est donc effectivement plus résistant que tous les précédents VOC aux anticorps induits naturellement (souche d’origine), par vaccination, ou thérapeutiques. Si les vaccinations hétérologues (avec des vaccins différents) ou une 3ème dose s’avèrent plus efficaces, nous ne savons pas pour combien de temps. En revanche, le Sotrovimab et les récepteurs solubles restent efficaces contre Omicron. Deux doses de Pfizer-BioNTech ne protégeront probablement pas assez des cas sévères provoqués par Omicron. Si les vaccins actuels protégeaient des cas sévères induits par Delta jusqu’à maintenant, ils doivent désormais être réadaptés pour Omicron.

error: Content is protected !!