L’infection par le SARS-CoV-2 ne semble pas conférer une immunité collective dans le cas où ce virus se propage à l’échelle de grandes villes.
Le Brésil est en effet l’un des pays aujourd’hui les plus touchés par la pandémie COVID-19. Manaus, la capitale et la plus large métropole de la région amazonienne avec plus 2 millions d’habitants et une densité de population de 158 habitants / km2, est l’une des villes les plus infectée du pays.
En supposant un R0 = 2,5 à 3,0 pour la région amazonienne (ce chiffre représente le nombre de cas attendus directement engendré par un cas infecté), le pourcentage d’infection devrait atteindre 89% à 94%. Or, lorsque ce pourcentage dépasse celui communément accepté pour une immunité collective, qui est de 60 à 67%, alors chaque infection générera moins d’une seule nouvelle infection.
Mais est-on sûr des statistiques au sujet de cette grande ville ? Une récente étude s’intéresse au taux d’infection par la détection d’anticorps IgG spécifiques d’une protéine du SARS-CoV-2 (la protéine N) en testant des échantillons de sangs provenant de la banque du sang de Manaus.
On a rapporté que la sensibilité du test réalisé sur ces poches de sang est imparfaite. Ainsi, celle-ci a d’abord été testée chez différents cas de COVID-19, une vingtaine de jours après apparition des symptômes. Cependant, chez des patients sévèrement touchés par le SARS-CoV-2, le test s’est révélé sensible à 91,8%, suggérant donc qu’environ 8% des cas sévères ne développaient pas de concentration détectable d’anticorps IgG anti-N. De plus, chez des cas moyennement sévères, ce pourcentage descend à 84,5%. Mais 50 à 121 jours après l’infection, chez les mêmes patients touchés moyennement par le virus, le pourcentage passe à 80,4%, signalant une production déclinante d’anticorps.
Par ailleurs, on a testé le sang provenant des banques de Manaus et de São Paulo, de février à octobre 2020 : en février et mars, moins de 1% des échantillons se sont relevés positifs, ce qui est cohérent puisque le premier cas à Manaus a été annoncé le 13 mars, et le premier cas à São Paulo, le 12 février. En avril, 44,5% des échantillons de Manaus étaient positifs, en juin, 52,5%. A São Paulo, ce pourcentage aussi a augmenté, atteignant 13,6% en juin. Entre juin et octobre, la seroréversion, c’est-à-dire le retour à la normale de la production d’anticorps mais aussi l’effet de l’implémentation de mesures comme le port du masque, commencent à apparaître avec seulement 25,8% des échantillons positifs pour des IgG anti-N en octobre à Manaus. En prenant en compte l’appauvrissement en IgG anti-N au fil des mois suivant l’infection, le pourcentage corrigé d’échantillons positifs pourrait avoir attend les 66,2% en juillet, et jusqu’à 76% en octobre.
C’est ce qu’on peut représenter de la façon suivante :