La complexité de la réponse-anticorps des vaccins ARNm

La réponse immunitaire, après une infection par le SARS-CoV-2, est maintenant bien décrite. Cette réponse après la vaccination, notamment par ARNm (Pfizer-BioNTech et Moderna), est cependant moins étudiée car ces vaccins ne sont disponibles que depuis la fin de l’année 2020. La cible principale des anticorps est le domaine RBD de la protéine Spike (pour Receptor Binding Domain) car il interagit directement avec le récepteur cellulaire ACE2 pour permettre l’entrée du virus dans la cellule. Mais d’autres épitopes (régions ciblées par les anticorps) existent, notamment contre le domaine NTD (N-Terminal Domain). Des chercheurs américains (School of Medicine at Mount Sinai, New York, Washington University School of Medicine, Saint Louis) viennent de montrer l’importance des anticorps dirigés contre le domaine NTD chez des personnes vaccinées (vaccin ARNm).

Ces chercheurs ont récolté le sang de 6 individus, vaccinés à la fin de l’année 2020, à différents moments après la vaccination. Ils ont analysé la réponse-anticorps anti-SARS-CoV-2 de ces patients et l’ont comparée à celle d’individus ayant été infectés naturellement par le virus. Ils ont tout d’abord observé que le taux d’anticorps anti-Spike est supérieur chez les vaccinés. En revanche, la proportion d’anticorps neutralisants de ces derniers est inférieure, mais la majorité de leurs anticorps sont non neutralisants. Ils ont ensuite montré qu’à part le domaine RBD, la région NTD est également une cible importante des anticorps produits par la vaccination. Ils ont observé que le vaccin permettait aussi une réponse anticorps contre 2 coronavirus saisonniers.

Ces scientifiques ont ensuite évalué l’efficacité des anticorps induits par le vaccin contre certaines mutations de la protéine Spike, comme N501Y ou E484K, retrouvées chez des variants préoccupants, comme ⍺ (anglais ou B.1.1.7), β (sud-africain ou B1.351), ɣ (brésilien ou P.1) et δ (indien ou 1.617). Les anticorps ciblant le domaine RBD sont efficaces contre la mutation N501Y, mais non contre la E484K, contrairement aux anticorps ciblant la région NTD qui restent là aussi efficaces.

Il est donc important d’observer avec attention la réponse-anticorps pour optimiser les vaccins contre ces nouveaux variants.