La protéine de surface Spike (S) du SARS-CoV-2 joue un rôle important dans l’entrée de la particule virale dans les cellules. Elle est ainsi la cible privilégiée des anticorps neutralisants. L’enzyme qui réplique le génome du SARS-CoV-2, comme celle des autres virus, commet des erreurs, les mutations, qui évoluent sous les différentes pressions de sélection, dont celle du système immunitaire. Il faut noter que pour le SARS-CoV-2, ces mutations s’accumulent lentement comparées à celles d’autres virus car l’enzyme répliquant le génome possède une activité correctrice. On a ainsi rapporté l’apparition de délétions, c’est-à-dire des pertes des constituants des gènes. Des chercheurs de l’Université de Pittsburgh, USA, viennent de montrer que des délétions récurrentes dans la protéine S conduisent à la résistance aux anticorps neutralisants.
Pour cela, ces chercheurs ont analysé les séquences de 9 patients ayant une infection SARS-CoV-2 à long terme (patients généralement immunodéprimés, n’arrivant pas à éliminer le virus). De plus, ils ont étudié 146 795 séquences disponibles dans les bases de données (du 1er décembre 2019 au 24 octobre 2020) afin d’identifier 1 108 virus portant une délétion dans la protéine S. Ces observations leur ont permis de définir 4 sites récurrents de délétions, nommés RDR1 à 4 (pour Deletion Recurrent Region) localisés dans le domaine N-terminal de S. Par exemple, les RDR1 et RDR2 correspondent aux délétions des positions 69-70 et 144-145, présentes dans le variant anglais. Ces différents sites de délétions récurrentes apparaissent comme des régions contenant des épitopes (cibles des anticorps) et seraient donc des adaptations en réponse à la pression de sélection du système immunitaire.