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Vulgarisation scientifique des avancées de la recherche sur la COVID-19

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Comment a-t-on produit des vaccins si rapidement ?

Comment le développement d’un vaccin pour lutter contre la COVID-19 a-t-il pu être réalisé en seulement un an ? Ce succès s’explique par le caractère exceptionnel de la situation. On peut en souligner 3 fois l’originalité :
  • Contrairement à d’autres épidémies, de nombreux pays ont dû faire face à une catastrophe économique et les milliards injectés dans cette lutte ont permis de prendre des risques habituellement proscrits. En temps normal, on évalue pendant des années l’efficacité et la sécurité d’un vaccin chez l’animal (études précliniques) et ensuite chez l’homme (phases I, puis II, puis III) où le nombre de volontaires et les coûts augmentent à chaque fois. Ces étapes sont toujours réalisées de manière séquentielle mais cet apport de fonds sans précédent a permis de les réaliser simultanément. Pour ce faire, les capacités de surveillance des autorités de régulation ont été démultipliées. Le risque financier en cas d’échec était énorme, mais sans ces financements massifs il n’y aurait eu aucun moyen d’accélérer le développement.
  • Tous ces milliards auraient été inutiles sans une solide recherche fondamentale en amont, elle-même majoritairement financée par des fonds publics et qui demande du temps. D’une part, des années de recherche en virologie ont permis d’accumuler des connaissances sur la famille des coronavirus (dont SARS-CoV-1 et MERS). Par exemple, le succès de ces vaccins dépend du fait que le SARS-CoV-2 mute peu (contrairement à la grippe) et n’utilise pas de stratégie particulière pour déjouer nos défenses immunitaires (contrairement au VIH ou à l’Herpès). D’autre part, la recherche sur les vaccins à ADN/ARN a commencé il y a 25 ans pour lutter contre le cancer. La technologie par ARN messagers (ARNm) permet de produire des vaccins plus simplement et rapidement que les vaccins classiques. Les premiers vaccins de Pfizer/BioNtech (USA/Allemagne) puis de Moderna (USA) utilisent cette technologie. Le troisième vaccin efficace est issu de l’association d’AstraZeneca et de l’Université d’Oxford (UK), et utilise la technologie des Adénovirus.
  • Pour répondre à cette crise sanitaire, les infrastructures nationales et globales récentes ont permis de coordonner les efforts. Par exemple, le CEPI (Coalition for Epidemic Preparedness Innovations) avait été créé en 2017 pour lutter contre les virus Zika, MERS et Ebola. Elle est en partie financée par Moderna et Oxford et offre une plateforme technologique pour développer rapidement des vaccins. Créée en 2012, la ICMRA (International Coalition of Medicine Regulatory Authorities) harmonise quant à elle les échanges entre les autorités nationales de régulation pour le suivi des effets secondaires.
Ainsi, plusieurs vaccins contre le SARS-CoV-2 ont été créés en un an alors que la plupart des vaccins ont mis des années à se développer.

C’est ce qu’on peut représenter schématiquement ainsi :

Il y a peu de chances que cette situation sans précédent s’applique à d’autres vaccins, mais certains bénéfices devraient être permanents et certaines leçons retenues. L’usage des vaccins à ARN, non autorisé jusqu’alors, pourrait permettre des productions simples et rapides pour répondre à d’autres pandémies. Aussi, grâce aux données collectées lors des nombreux essais cliniques réalisés en une seule année, la compréhension de notre réponse immune aux vaccins (en particulier à ARN) devrait progresser plus qu’au cours des dernières décennies. Certains chercheurs anticipent déjà d’autres pandémies, et certaines luttes pourraient s’avérer plus difficiles que celle contre le SARS-CoV-2. La rapidité extraordinaire de développement des vaccins anti-COVID-19 (même si tous les essais cliniques ne sont pas terminés) montre bien ce que la recherche médicale est capable de faire lorsqu’elle est soutenue. L’auteur souligne qu’à l’avenir il serait plus judicieux d’utiliser les ressources, de manière préventive, dans la recherche et la surveillance de ces virus, plutôt que massivement lors de la prochaine émergence virale.
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