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Un anticorps prometteur contre la COVID-19 ?

Les symptômes de la COVID-19 sont aussi variés que dangereux : détresse respiratoire sévère, inflammation, défaillance multiple d’organes, autant de symptômes qui méritent une attention particulière. Afin de mieux comprendre la maladie, l’étude du système immunitaire des patients, et notamment des anticorps qu’ils produisent, devient importante. En effet, ce sont ces anticorps, c’est-à-dire des protéines produites par des lymphocytes B activés (appelés plasmocytes), qui vont reconnaître un agent pathogène lors d’une infection et tenter de le combattre.

L’étude des anticorps de patients COVID-19 serait donc aujourd’hui une bonne piste pour mieux comprendre les mécanismes impliqués dans le développement de la maladie.

L’enzyme de conversion de l’angiotensine II (ACE2) est une protéine exprimée par diverses cellules du corps humain notamment celles des reins, du cœur ou encore du tractus digestif. Elle joue un rôle important dans le maintien de la pression artérielle. Mais il s’agit aussi du récepteur principal par lequel le SARS-CoV-2 entre dans la cellule à l’aide d’une protéine virale appelée Spike qui reconnaît et interagit avec l’ACE. Suite à son entrée, le virus pourra alors commencer son cycle de réplication.

Or, plusieurs études ont déjà mis en évidence la présence d’anticorps spécifiques pour le domaine de fixation (RBD) de la protéine Spike, empêchant ainsi la fixation du SARS-CoV-2 à l’ACE2 et par conséquent, sa réplication.

Le protocole de cette étude se présente schématiquement ainsi, du moins dans sa première phase :

Cependant, ces anticorps possèdent généralement peu de mutations, ce qui peut conduire à des retournements : ces anticorps peuvent aussi agresser le corps sain. En effet, ce sont ces mutations (ou recombinaisons génétiques) qui sont à l’origine de l’ajustement des sites de fixation de l’anticorps, lui donnant ainsi sa spécificité. Sans cette dernière, ces anticorps ne sont pas assez précis et risquent de s’attaquer à trop de fausses cibles.

L’étude de ces anticorps anti-RBD pourrait donc être d’une grande aide dans le combat contre la pandémie. Pour sélectionner les meilleurs candidats, des chercheurs ont séquencé 598 anticorps de 10 patients infectés, puis ils ont affiné leur recherche sur la base de plusieurs critères :

  • la réactivité à la protéine Spike du SARS-CoV-2
  • les capacités neutralisantes des anticorps
  • la concentration requise minimum pour neutraliser 50% du SARS-CoV-2

Sur ces critères, on a étudié les 18 meilleurs anticorps aptes à reconnaître l’enveloppe du virus. Cependant 4 d’entre eux réagissent également à des tissus humains sains : cerveau, muscles lisses des poumons, du cœur, des reins et du colon, faisant d’eux des mauvais candidats dans la lutte contre le SARS-CoV-2.

Sur cette liste de 14 anticorps restants, le CV07-209 a été sélectionné puisqu’il est le plus neutralisant in vitro pour la concentration la plus faible. Afin de tester son effet prophylactique et thérapeutique in vivo, on a testé un modèle d’infection par le SARS-CoV-2 chez le hamster. Chez le groupe « prophylactique », le CV07-209 a été administré à une concentration de 18 mg/kg 24h avant infection, tandis que chez le groupe « thérapeutique », il a été administré à la même concentration 2h après infection. On a aussi procédé à une injection sur un groupe contrôle avec un anticorps non spécifique pour le SARS-CoV-2. On suit l’infection par la perte de poids des hamsters ainsi que par la mesure des particules virales après sacrifice.

On peut représenter cette seconde phase du protocole ainsi :

Après infection, le groupe contrôle a perdu du poids, signe de l’avancement de la maladie, tandis que les groupes “prophylactique” et “thérapeutique” ont gagné du poids. A 3 et 5 jours après infection, aucune particule virale n’a pu être détectée dans les poumons des deux groupes, et près de 99,99% du virus ont été éliminés, à la différence du groupe contrôle. Ces résultats sont confirmés physiologiquement par le non-développement de pathologies respiratoires chez les groupes “prophylactique” et “thérapeutique” en comparaison avec le groupe contrôle.

Cependant, à partir de prélèvements du nez et du larynx, il a été possible de mettre en évidence les mêmes niveaux d’ARN génomique viral entre tous les groupes, suggérant que l’anticorps CV07-209 confère seulement une protection des poumons et non des voies respiratoires supérieures.

L’utilisation d’anticorps spécifiques pour le RBD de la protéine Spike pourrait donc offrir des perspectives intéressantes dans le traitement “prophylactique” ou “thérapeutique” contre le SARS-CoV-2.

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