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Les bénéfices cliniques de l’anakinra

La santé des patients COVID-19 peut rapidement se détériorer. Il est donc crucial de pouvoir identifier les risques et de les traiter selon la situation clinique. Lors d’une progression vers un cas sévère, les niveaux de suPAR (soluble urokinase plasminogen activator receptor) augmentent plus rapidement et plus tôt que les autres biomarqueurs de sévérité connus (CRP, IL-6, ferritin, D-dimer). Il dénote une présence anormale de calprotectine et de IL-1⍺/β, cytokines pro-inflammatoires induisant une inflammation dérégulée et pathogène.

Des chercheurs de l’université d’Athènes, à l’origine de la découverte du suPAR comme biomarqueur de sévérité, avaient préalablement montré (essai SAVE, phase 2) les bénéfices cliniques de l’anakinra, une molécule qui bloque l’activité de IL-1⍺/β chez les patients ayant un taux élevé de suPAR. La même équipe a ensuite mené l’essai clinique SAVE-MORE de phase 3, sur un échantillon représentatif et en double aveugle, afin de confirmer ces premiers résultats et d’évaluer la sécurité de leur approche.

De décembre 2020 à mars 2021, 1 060 patients COVID-19 ont été triés selon leur taux de suPAR et d’après d’autres critères cliniques de sévérité définis par l’Organisation Mondiale de la Santé. Finalement, 594 patients avec un taux supérieur à 6 ng/ml ont été retenus. Considérés à haut risque, 91,6% d’entre eux ont développé une pneumonie sévère. 85,9% ont reçu un traitement standard contenant de la dexaméthasone, mais 405 ont été traités à l’anakinra en sous-cutané et 189 avec un placebo.

Après 28 jours, 50,4% des patients traités à l’anakinra se sont rétablis complètement (plus d’ARN viral détecté), contre 26,5% avec le placebo. La mortalité était de 3,2% contre 6,9%, respectivement. De plus, l’anakinra a diminué le risque de persistance de la COVID-19, de sévérité au jour 28, et réduit de 4 jours le temps passé aux urgences. Après seulement 7 jours de traitement, les patients avaient un taux de lymphocytes supérieur, et les taux d’IL-6 et de CRP étaient inférieurs. Cette molécule limite donc l’hyper-inflammation. Quelques effets secondaires sérieux ont cependant été observés suite aux traitements, majoritairement des infections, mais là aussi dans une moindre mesure chez les patients anakinra (16% vs 21,7%). D’autres effets secondaires moins sérieux suivent aussi cette tendance (hyperglycémie, problèmes hépatiques).

Cette étude valide donc l’essai SAVE et montre que trier les patients COVID- 19 par leurs taux de suPAR et de traiter très tôt les plus à risque (>6 ng/ml) avec l’anakinra apporte un vrai bénéfice clinique, et ce dès 14 jours de traitement. D’autre part, la faible mortalité observée parmi tous ces cas sévères reflète aussi l’amélioration de l’efficacité des traitements standards depuis le début de la pandémie. Les auteurs précisent que les patients avec un taux élevé de suPAR mais qui nécessitent déjà une assistance respiratoire au moment du test doivent plutôt être traités par le tocilizumab, un bloqueur de l’IL-6 plus approprié dans ce cas.

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