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Vulgarisation scientifique des avancées de la recherche sur la COVID-19

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Accompagner la distribution des masques. L’exemple du Bangladesh

L’organisation des Nations-Unies n’a pas recommandé l’usage du masque dans la population générale avant juin 2020. Les essais cliniques en conditions réelles manquaient pour prouver leur utilité et des réserves étaient émises sur les comportements contre-productifs qu’un « faux sentiment de sécurité » pouvait induire. Mais aujourd’hui, les pays à faibles revenus souffrent d’un manque d’accès aux vaccins anti-COVID-19 de sorte que les mesures de prévention non-contraignantes sont cruciales.

Afin d’évaluer l’importance de ces actions, des chercheurs américains et australiens (universités de Yale et de Deakin) ont mené un essai sur un échantillon de 342 183 personnes réparties dans 600 villages du Bangladesh, entre novembre 2020 et avril 2021. Dans ce pays, l’impact de la COVID-19 est largement sous-estimé. Le but est d’identifier l’efficacité de diverses stratégies pour inciter la population générale (et non seulement les malades) à porter le masque, puis d’en mesurer les effets sur la séroprévalence et les symptômes de la COVID-19. Une distribution importante de masques et une sensibilisation à son utilité a été organisée dans des lieux de passage (marchés, mosquées, discours des représentants locaux, etc.) avec plusieurs stratégies.

Les résultats montrent que la distribution et la sensibilisation « en personne » a augmenté le port du masque de 28,8% (51 357 personnes), effet qui a perduré au moins 4 mois après la campagne. Au total, 42,3% de personnes portent le masque, ce qui est très positif. Les cas symptomatiques de COVID-19 ont été réduits de 11,6%. Les cas symptomatiques et séropositifs au SARS-CoV-2 ont été réduits de 9,5% au total, mais de 35% chez les plus de 60 ans (sans que les raisons soient clairement identifiées).

De plus, les personnes avec masque se sont montrées plus sensibles à la prévention des risques et avaient tendance à mieux respecter la distanciation sociale (+5,1%). Comparé aux masques chirurgicaux, l’effet des masques en tissus sur l’incidence des symptômes est inférieur, alors qu’ils ont été acceptés de la même manière. La seule distribution de masques, sans promotion ni sensibilisation, est aussi beaucoup moins efficace, et les engagements verbaux publics, les incitations par les chefs de village, les SMS de rappel (2 fois par semaine) ou les messages altruistes se sont avérés inefficaces.

La distribution et la promotion des masques, en même temps et en personne, ont donc clairement aidé à augmenter leur utilisation dans les zones rurales du Bangladesh. Ce travail bouscule certains préjugés et est donc important pour définir des politiques sanitaires adéquates dans ce pays de 167 millions d’habitants. Appliqué à plus grande échelle, il pourrait s’avérer aussi efficace pour sauver des vies que certains programmes humanitaires, à un coût largement inférieur. Actuellement, les auteurs travaillent avec le gouvernement pour appliquer ces stratégies à 37 districts prioritaires. Ce modèle a aussi été adopté au Pakistan, en Inde et au Népal. Il pourrait aussi s’avérer utile pour sensibiliser aux dangers de l’alcool, du tabac ou aux mesures d’hygiène.

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