Les bénéfices de l’enseignement à distance

La pandémie de COVID-19 a perturbé l’enseignement. Les mesures de distanciation sociale ont favorisé l’apprentissage à distance, en particulier dans l’enseignement supérieur. Malheureusement, les cours en ligne demandent des ressources dont certaines universités ne disposent pas, ce qui accentue les inégalités. Les conférences en direct, souvent devant des centaines d’étudiants, sont longtemps restées le pilier de l’enseignement en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM). Mais de récentes études montrent que les conférences en ligne apportent tout autant de bénéfices, si elles se déroulent sur un mode actif.

En effet, dans ce cas, elles joueraient sur des processus d’apprentissage actif, reconnu pour sa qualité. Contrairement au format classique d’apprentissage passif, il pousse les étudiants à faire des choses et penser aux choses qu’ils font. En sciences, les tâches de routine comme écrire ou réviser un article, présenter ses résultats ou rechercher des financements prennent énormément de temps et sont pourtant peu apprises dans les universités. Ce sont des exemples typiques d’apprentissages actifs : guidés par un expert, les étudiants apprennent en « créant » et « appliquant » quelque chose de pertinent pour la discipline. Une conférence classique peut être fragmentée en petits groupes auxquels on assigne certaines tâches d’apprentissage actif. Par les interactions entre groupes, les élèves peuvent évaluer leur niveau de compréhension, s’enrichir et se synchroniser avant de revenir vers le superviseur. Cela favorise l’engagement, la recherche par soi-même, l’esprit critique et la capacité à résoudre des problèmes. Des études montrent qu’en comparaison de l’apprentissage traditionnel, l’apprentissage actif accroît les performances des élèves, réduit les disparités, favorise l’inclusion sociale et le sens de la communauté par les interactions. On apprend les uns des autres autour de cas pratiques pertinents.

Les nombreux avantages de l’apprentissage actif des STEM sont sensibles depuis quelques années, que ce soit pour les jeunes ou chez les adultes. Pour les cours en présentiel, il n’y a pas besoin de s’équiper de matériel particulier pour que l’enseignant emploie ces méthodes, ce qui pourrait réduire les écarts de résultats entre les universités. Les bénéfices sont équivalents lors de l’apprentissage en ligne, mais cela nécessite un ordinateur et une connexion Internet. Pour plus de flexibilité, les instructions de base peuvent être préenregistrées en vidéo. Certains logiciels de vidéoconférence apportent de nombreuses opportunités (systèmes de votes, quizz, débats …). Par exemple, le logiciel LabXchange est spécialisé dans l’apprentissage de techniques moléculaires concrètes.

Ces méthodes ont été promues pendant la pandémie afin d’améliorer l’apprentissage des élèves. Mais à l’avenir, devrions-nous retourner aux processus traditionnels ou nous servir de cette expérience pour repenser l’apprentissage des STEM ? Négliger les bénéfices de l’apprentissage actif pourrait desservir les étudiants et les enseignants car il apporte une expérience qui va au-delà de la connaissance. Plutôt que de remplacer l’enseignement traditionnel, l’apprentissage actif devrait y être intégré avec une certaine flexibilité. Il peut être adapté à toutes les disciplines et à tous les niveaux, et pourrait transformer la pratique de l’enseignement en général. Pour illustrer leur plaidoyer, les auteurs citent Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry : « Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose… Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le coeur de tes hommes et femmes le désir de la mer ».